Makoto est un jeune lycéen qui sert de bouc émissaire à un petit groupe de camarades de sa classe. En dehors de cela, rien ne le distingue du lycéen normal, quoique timide et réservé. Un soir, alors qu’il ressort de chez lui pour aller chercher des DVD, Makoto se retrouve attaqué par une créature de la nuit, qui lui offre un choix : mourir ou devenir comme elle. Effrayé, le jeune garçon n’hésite pas et choisit la deuxième solution. Il se réveille à l’hôpital et en ressort au bout de quelques jours, les médecins comme ses parents étant persuadés qu’il n’a aucune séquelle.
Happiness est une nouvelle série manga qui, malgré un ancrage dans la vie d’un jeune lycéen, est un seinen pur jus. On y suit le quotidien du jeune Makoto, qui devient rapidement la victime d’un agresseur qui sévit dans le quartier. Mais à la différence de la précédente victime, Makoto survit. Au vu de la première scène de ce volume, on comprend rapidement que le jeune garçon, dont on pose la vie on ne peut plus banale (sur laquelle vient se greffer le thème du harcèlement scolaire), va faire un choix qui va radicalement changer sa vie.
Le récit, à défaut de s’appuyer sur des idées totalement nouvelles (centrer le récit sur la personne qui se transforme est une vieille antienne dans la littérature sur les vampires) est bien rythmé, le personnage principal décrit de manière convaincante, sans surenchère (notamment dans les brimades dont il est victime). Pour le reste, je regrette ceci dit que le reste des personnages passent presque pour accessoires, même si les derniers chapitres semblent esquisser un revirement à ce niveau pour la suite.
Côté dessin, Shuzo Oshimi n’est pas vraiment un débutant. Au moins deux autres de ses séries sont éditées en France : Les Fleurs du mal chez Ki oon et Dans l’intimité de Marie chez Akata. Pour la scène d’ouverture de Happiness, l’auteur choisit d’avoir recours à un style graphique très inhabituel, plus proche d’un Tanigushi ou de la BD franco-belge que du manga traditionnel. Le tout en noir et blanc, et avec un dynamisme impressionnant. La suite, au niveau dessin, est plus habituelle. Mais le style de l’auteur est homogène et efficace, et on a d’emblée la preuve qu’il peut surprendre.
En ce qui concerne les vampires, il ne sont jamais nommés comme tels (mis à part sur la quatrième de couverture). Pourtant, la jeune fille qui mord Makoto est indubitablement une créature de la nuit : elle semble douée de capacité physique hors du commun et possède des canines acérées, avec l’aide desquelles elle mort ses victimes. Après avoir été mordu, Makoto semble éprouver une attirance forte pour l’odeur du sang, notamment celle des jeunes femmes de son lycéen. Résister à cette tentation ne semble pas simple, et le jeune garçon a du mal à comprendre ce dont il retourne.
Un premier opus qui démarre sur un pitch relativement convenu, mais s’en tire plutôt bien, autant par l’ambiance qu’il pose que par la confrontation entre la banalité du personnage de Makoto avant sa morsure et ce qu’il devient après.