Ema et sa sœur sont orphelines depuis que leurs parents, tous deux policiers, sont morts dans l’exercice de leur fonction. La jeune collégienne se sent investie d’une mission vis-à-vis de la ville où elle a grandi, et veille dans le même temps à ce qu’il n’arrive rien à son aînée. Aussi, quand celle-ci découche, après une soirée avec des collègues, Ema se lance sur ses traces. Pour tomber rapidement nez à nez avec un vampire et un loup-garou qui se disputent autour du corps évanoui de sa sœur.
Outsiders est une création exclusive de l’éditeur Ki-oon, dont ils ont confié la réalisation à Akira Kanou. Ce dernier est un jeune auteur n’ayant à ce jour qu’elle seule série à son actif, qu’il écrit et dessine pour le compte de Kadokawa : Zangetsu, Kage Yokotaharu Atari. Si celle-ci semble se dérouler dans un cadre historique, il n’en est pas de même pour Outsiders, qui s’impose dès les premières planches dans un registre d’urban fantasy contemporaine. Les premières pages en couleur donnent des informations sur le contexte, avant que le récit ne fasse un bond en avant de 19 ans pour se focaliser sur une jeune fille.
Débrouillarde et animée d’une colère qui affleure, Ema a été bouleversée par la mort de ses parents. C’est elle qui est le pivot central de l’histoire, même si Tamaki le vampire et Taïga le loup-garou sont également sur le devant de la scène. Si les éléments initiaux laissent penser à un univers proche d’Underworld (avec l’idée d’une guerre entre loups-garous et vampires), la relation entre Tamaki et Taïga permet de rompre avec ces poncifs. Plus que des antagonistes, tous deux forment un duo qui ne semble pas pressé de poursuivre le conflit (et pourtant il y a matière à). Cet aspect binôme est d’ailleurs approfondi dans la deuxième partie du récit, quand on apprend qu’on fait souvent appel à eux pour mettre un terme aux exactions de leurs pairs.
Le dessin d’Akira Kanou mêle une approche seinen aux codes du shojo. Les personnages masculins, à commencer par Tamaki sont dotés d’un rendu graphique très androgynes. Ce qui n’empêche pas une certaine noirceur dans certaines scènes, ce qui s’impose au lecteur dès le massacre qui ouvre l’album. Le trait est fin et précis, les protagonistes constituant l’élément le plus présent au fil des planches. Pour autant, urban fantasy oblige, les décors ne sont pas laissés de côté. Ainsi, la ville où évoluent les personnages est relativement détaillée lors de l’enquête menée par Ema.
Avec Outsiders, on retrouve l’idée que vampires et loup-garou se livrent une lutte acharnée depuis des siècles, ne rêvant qu’à la destruction de l’autre espèce. Les vampires ont la force suffisante pour tuer les loups-garous, quand le sang de ces derniers est capable d’affaiblir considérablement les buveurs de sang. En dehors de ça, on constatera que Tamaki possède un certain pouvoir d’hypnose, même si certains (Ema, par exemple) peuvent y résister. Pour l’instant, il est le seul vampire de la série, mais à l’image de Taïga, on comprend qu’il subsiste d’autres individus de son espèce.
Un premier tome pas inintéressant, qui joue sur les codes du genre, et offre au lecteur une jeune héroïne contrainte de se rapprocher d’un vampire et d’un loup-garou. Il y a là l’idée d’un empowerment féminin et d’une certaine indépendance. Le tout dans un contexte d’urban fantasy où deux créatures que tout oppose choisissent plutôt de coexister et de veiller à ce que les membres de leurs espèces ne fassent pas de vague. À voir comment tout cela va évoluer.