Pour qui s’intéresse au vampire en tant que créature du 7e art, voilà un ouvrage qui s’avère de premier abord prometteur. Publié en 1979 (donc bien avant la déferlante des années 90, puis celle que nous connaissons actuellement), il termine son examen à un moment où la Hammer n’a toujours pas jeté l’éponge.
Reprenant l’histoire du cinéma fantastique en se focalisant sur le vampire (essentiellement Dracula, mais pas que, comme pourrait le laisser à penser le titre), Barrie Pattisson (fondateur de la cinémathèque australienne et réalisateur de plusieurs films de genre) s’attèle à passer en revue les évolutions successives du buveur de sang au cinéma. Une étude essentiellement chronologique, même si elle se fait aussi via une segmentation géographique (l’auteur détaillant ainsi les cinémas italiens, mexicains, espagnols, etc. aux époques où ils apposèrent leurs marques sur le sujet).
Reste que si le livre permet de parcourir en profondeur le cinéma vampirique avant les années 80 (et de découvrir au passage un certain nombre de films totalement tombés dans l’oublie depuis), il ne propose aucune véritable analyse quant à l’évolution du personnage à travers les âges, s’intéressant davantage aux qualités et défauts des différents films évoqués. Le texte est par ailleurs assez soporifique, et contient un certain nombre de coquilles, sans qu’on puisse savoir si celles-ci viennent de la version originale (The seal of Dracula) ou de la traduction française.
La fin de l’ouvrage révèle malgré tout quelques passages intéressants, qu’il s’agisse de passer en revue d’autres figures vampiriques qui ont été utilisés au cinéma (à commencer par Carmilla et la comtesse Bathory), les moyens de le combattre, etc. Des passages qui auraient très bien pu être intégré au fil de l’ouvrage, ce qui aurait sans doute allégé le côté rébarbatif de l’ensemble.
L’auteur détaille donc ici l’évolution du vampire cinématographique, en abordant la question sur la forme temporelle. On débute donc les hostilités avec le Nosferatu de Murnau, pour passer ensuite à l’époque Universal, cristallisée (pour la part vampirique) autour du Dracula de Browning. Le flambeau passe ensuite à l’Angleterre, avec à sa tête la Hammer Films, qui va pousser la créature dans des retranchements plus osés, notamment au niveau de la violence et du sexe à l’écran. Mais Barrie Patisson n’oublie pas que d’autres cinémas ont imposé leur manière de faire sur le sujet, à l’instar du cinéma italien, mexicain ou encore espagnol.
Un ouvrage historiquement intéressant, en cela qu’il permet de repartir à la fin de l’âge d’or de la Hammer, et de voir comment le thème du vampire a évolué jusque-là. Plutôt bien illustré (l’ouvrage est parsemé de visuels d’affiches et de scènes de films), il n’en demeure pas moins que le rendu est assez ennuyeux, la structure chronologique et le style n’aidant pas à la légèreté du propos. A réserver aux amateurs toujours à l’affut de films tombés dans l’oubli.