En 1999, le jeune Miles Alastair James effectue un remplacement à la bibliothèque d’Exeter, dans le Devon. Il passe ses journées aux archives, où il a la charge de trier les ouvrages les plus détériorés. Au cours d’une séance de « dépoussiérage », il découvre un singulier journal, celui d’un certain Jonathan Harker, lequel inspira l’écrivain Bram Stoker pour l’écriture de son roman Dracula, publié en 1897. La lecture de ce carnet nous plonge au coeur du mythe du vampire ; jour après jour, sans le savoir, Jonathan s’enfonce un peu plus dans les ténèbres…
Un objet vraiment original que ce roman format à l’italienne à l’aspect de journal intime. Magnifiquement illustré, on y retrouve le trait caractéristique de Pascal Croci qui renoue une nouvelle fois avec Dracula. Francoise-Sylvie Pauly, se basant autant sur son roman L’invitée de Dracula que sur ces précédents duos avec Pascal Croci nous plonge dans une ambiance proche du roman de Stoker, mâtiné de touches personnelles et de reprises de certains textes vampiriques incontournables (L’invité de Dracula et Carmilla pour en citer quelques un). Ces mélanges permettent à l’auteur de donner une vraie originalité à son récit, tout en l’incorporant à ce qu’on pourrait appeler la geste stokerienne, car elle pose d’emblée son récit comme un élément initiateur de Dracula. Emaillé de recettes de cuisine, de photographies anciennes et autres billets de train, qui amplifient sa vocation de journal de voyage, ce livre est décidemment un objet aussi beau qu’original.
En ce qui concerne le mythe, il n’y a pas vraiment de caractéristiques inhabituelles dans cet opus. Francoise-Sylvie Pauly s’attache surtout à remettre de l’ordre dans les bases du récit de Stoker, en axant son propos sur un ouvrage qui aurait pu servir de base au romancier. Carmilla, la comtesse Dolingen de Gratz, autant de personnages phares de débuts du vampirisme en littérature qui sont ici mis en scène aux côtés de Dracula. Qui plus est, le roman est davantage axé sur l’ambiance que sur du fantastique au premier degré.
Au final, cet album démontre non seulement le travail graphique sublime de Pascal Croci, mais permet à nouveau à Francoise-Sylvie Pauly d’exceller dans un thème qui semble lui tenir à cœur. On en redemande.
C’est vrai que ce livre est vraiment un bien bel objet quand on l’a entre les mains. En plus de son format mettant idéalement en valeur les superbes illustrations de Pascal Croci, le concept de l’ouvrage en lui-même est des plus enthousiasmants. Ce dernier dégage en effet une originalité omniprésente qui illumine la mise en page et créait un effet de surprise sans cesse renouvelé à chacune des étapes du récit.
L’aventure vampirique du jeune Jonathan Harker est agrémentée d’une documentation variée prenant la forme de moult lettres, plans, photos et autres croquis ; l’immersion au cœur de l’histoire se trouve ainsi constamment garantie ! Et puis, la galerie de personnages qu’il est permis au lecteur de côtoyer tout au long du périple ne fait qu’assurer un peu plus l’intérêt du récit pittoresque qui nous est compté. Le style de Françoise-Sylvie Pauly, inspiré et tout en finesse, nous rappelle ce qui se fait de meilleur en matière de littérature vampirique se voulant classique. Bourré de clins d’œil et de références quand aux œuvres majeures du genre, les amateurs éclairés autant que les novices ne pourront que s’incliner devant un tel travail peaufiné jusque dans ses moindres détails.
A y regarder de plus prés, on ne peut que constater combien le crayon de Croci allié à la plume de Pauly se complètent à merveille. Avec un ouvrage de cette qualité, une bibliothèque ne peut forcément que s’en trouver enrichie de la plus belle des façons !
En ce moment, je suis en pleine relecture des œuvres de Croci-Pauly tellement j’ai aimé la BD sur Bathory. Je viens donc de redécouvrir ce carnet de voyage de Jonathan harker que j’avais dévoré à ma première lecture et que j’ai savouré une seconde fois. Un récit palpitant, tellement ingénieux écrit par de fins connaisseurs du roman de Stoker. Cet ouvrage est beau, bien écrit, passionnant, j’aime à penser que Stoker aurait adoré cette version des faits. Merci encore pour ces magnifiques ouvrages Monsieur Croci et Mme Pauly.