Bombay, de nos jours, Nosferatu, premier vampire, renait dans un temple après que les pluies de la mousson aient mis au jour son entrée. Il est craint de tous, de ses congénères mais également des chasseurs de vampires. Cette société d’humains parcourt le monde afin de réduire à néant les vampires. Nosferatu reprend des forces avant de revoir les vampires qu’il a engendré et ses descendants. Pour cela, il lui suffit de rester dans les bidonvilles de Bombay, il y trouve largement de quoi retrouver des forces mais également des personnes à transformer en vampires, prêtent à le défendre.
On remarque ici un retour aux sources du mythe du vampire. Nosferatu est un être cruel, autant assoiffé de sang que de pouvoir. Les vampires évoluent essentiellement de nuit sans toutefois tomber en léthargie le jour. Dans ce monde, ils côtoient les humains sans se faire connaître d’eux. Les aspects physiques et psychiques du vampire sont ici très classiques. Les dents effilées, la peau glabre, le teint blafard, il trouve dans le sang toute la force et la puissance qu’il lui faut pour combattre d’autres vampires. Une morsure seule ne peut aboutir à la création d’un être de la nuit.
Il faut un échange de sang pour que la transformation opère. Dans ce tome, l’on en apprend beaucoup plus sur la façon de tuer un vampire que d’en créer un. Classiquement, les vampires ne supportent pas le soleil et le pire de tout, l’ingestion de sang d’humain mort leur est fatale. Pour Nosferatu, père d’une grande descendance de vampires, cela permet de savoir si sa progéniture est proche et l’inverse est également vrai. Dès son réveil, les vampires issus de sa lignée le ressentent. Ils peuvent développer selon leur puissance de grands pouvoirs comme par exemple la possibilité de changer son apparence physique.
Si vis pacem est le premier tome d’un diptyque. On évolue dans le monde moderne et dans l’antique Rome par flashbacks. Ce style de narration permet d’avoir un aperçu de l’histoire des personnages principaux, et également un récit très dynamique. Les dessins de Martino accompagnent l’histoire et la subliment. Le dessin très sombre renforce la sensation d’oppression, de danger et de monde de la nuit. Les caractères des personnages sont bien fouillés et très diversifiés : le vampire cruel, l’autre plus rationnel et l’humain chasseur de vampires très fantasque, au langage fleuri. Ce personnage détonne énormément dans cet univers sombre et triste. Il amène quelques répliques cinglantes qui font mouches à chaque fois.
Un premier opus qui nous met en appétit pour le deuxième tome. On attend avec impatience la suite de l’histoire. Beaucoup de choses ne nous ont pas encore été dévoilées. Cet humain qui pourchasse coute que coute tous les vampires nous déroute et nous voulons en savoir plus sur son passé. Une BD très agréable à lire et à regarder. Une association Péru et Martino qui fonctionne très bien dommage qu’ils ne nous donnent que 2 tomes !
Moi qui n’avais jusque-là pas eu l’occasion de me pencher sur le travail d’Olivier Peru, j’ai enfin pu combler ce manque. Et de très belle manière, qui plus est, vu que ce premier opus de Nosferatu est une franche réussite !
Le scénario, s’il pourrait paraître au premier abord peu original, tant on à l’impression d’être sur des chemins déjà longuement balisés, est excellent en tout point : rythmé, sans pour autant verser dans le trop plein d’action. Les personnages sont travaillés (notamment l’antagonisme Nosferatu/Vladica) et ne versent pas dans le manichéisme simpliste. Plusieurs flashback bien intégrés à l’ensemble nous permettent de remonter à l’époque de Caligula, permettant aux auteurs de procéder par petites touches pour densifier leur propos.
Graphiquement, Stefano Martino propose un dessin efficace, dynamique, et homogène, rehaussé d’une mise en couleur sombre qui amplifie la noirceur ambiante. Une tonalité ocre, pour un réveil du premier vampire sous les pluies torrentielles de la mousson indienne.
Le scénariste met en branle dès ce premier tome un univers vampirique pas forcément éloigné de la Mascarade, Nosferatu figurant le Caïn originel. Pour le reste, on est face à des vampires qui craignent la lumière du soleil et ont besoin de s’abreuver de sang pour conserver intact leurs pouvoirs. Il semble par ailleurs qu’un lien psychique relie les maîtres vampires à leurs infants, leur permettant de ressentir la présence les uns des autres. Pour le reste, on découvrira également une manière un peu originale de tuer un vampire, qui rappelle certains classiques romanesques du genre (dont Anne Rice).
Un premier tome rondement mené, sans temps morts, avec autant de révélations que d’action. La mise en place des différents camps en présence s’intègre très bien à l’ensemble, permettant de faire de ce tome une introduction très réussi à cette nouvelle série. On en redemande !