La Vampire est une série de six romans crée en 1994 par Christopher Pike. La promesse, le premier tome des aventures de Sita, est paru en France en 2000 chez Fleuve Noir. Le choix de l’éditeur quand à cette série s’explique sans doute par le succès retentissant à ce moment là de la série Buffy contre les vampires et la mode qui en découla pour les jeunes héroïnes évoluant aux milieux de créatures fantastiques.
Alisa Perne, Sita de son vrai nom, est une jeune femme semblant à peine sortir de l’adolescence. Mais les apparences sont souvent trompeuses. Derrière son aspect de blonde innocente au physique agréable, se cache un vampire âgé de 5000 ans, la dernière de son espèce. Belle et intelligente comme s’applique à la décrire l’auteur mais aussi et surtout éprise par le désir de vivre et d’aimer.
L’histoire débute le jour où Michael Riley, un détective privé, convoque notre héroïne à son bureau afin de lui faire part des soupçons qu’il nourrit à son égard : elle est jeune, riche et sans famille. C’est d’ailleurs ce détail qui intrigue ce dernier : la fortune colossale que possède la jeune femme semble provenir de nulle part. L’appât du gain est apparemment ce qui motive Riley. L’homme est décidé à faire chanter Alisa et lui soutirer de l’argent en échange de son silence. Le détective est évidemment loin de se douter du danger mortel qui lui fait face et son ignorance lui coutera la vie.
Mais Sita a commit une erreur : en tuant Riley, il lui est devenu impossible de savoir qui a lancé le détective à ses trousses. Consulter les fichiers que contient l’ordinateur du défunt lui permettrait d’accéder aux dossiers la concernant mais ces derniers sont protégés par un mot de passe. Sita décide de se rapprocher de Ray, le fils du détective, afin que le jeune homme lui donne accès à l’ordinateur de son père. Elle se fait donc passer pour une simple lycéenne et ne tarde pas à lier connaissance avec sa proie. En usant de son pouvoir de séduction, Sita va parvenir à convaincre le jeune homme d’entrer dans l’ordinateur de son père disparu. Le nom du mystérieux client ayant fait appel au service de Riley lui est alors révélé : il s’agit d’un certain monsieur « Slim ». Qui est-il ? Que veut-il à Sita ? Et surtout comment connait-il son secret ? Autant de question que la vampire va tenter d’éclaircir, l’entrainant inéluctablement jusqu’au dénouement final…
Chistopher Pike crée avec La vampire une série intéressante à plus d’un titre. Le personnage de Sita tout d’abord, est réellement charismatique et attachant. Á dire vrai, on peut d’ailleurs dire que cette dernière porte le récit à bout de bras. Loin de l’héroïne gentillette plein de bons sentiments, notre vampire peut faire preuve d’une cruauté des plus cru, se dit elle-même impulsive, impatiente et revendique haut et fort son statut de prédatrice… Un vampire en demi-teinte qui sait s’affranchir des codes bien pensant habituels et de laquelle émane une réelle sensation de danger mêlé de puissance.
Les origines des vampires font également preuves d’originalité en prenant l’Inde et son panthéon védique pour source d’inspiration : Rama, Yaksha, Krishna, Radha… autant de divinités qui confèrent à cette première aventure un cachet unique et fort bien venu.
La nature vampirique de Sita se permet quelques libertés par rapport au mythe conventionnel. Elle ne craint que très peu la lumière du jour, excepté certains moments de la journée où le soleil est à son zénith. Elle possède un reflet et se vante même de porter une petite croix d’or en médaillon. Il lui est impossible de se changer en brume mais dispose en contrepartie d’une force inouïe doublée de sens surhumains. Á l’inverse, les rapports des vampires avec le sang sont abordés de façon à démontrer l’incroyable attraction que ce dernier exerce sur Sita et ceux de son espèce : objet de tous les désirs, sensuel ou bestial.
La promesse se voit donc doté d’un univers riche au background prompt à quelques rêveries fantastiques bien qu’il s’octroie certaines libertés au niveau de la cohérence et de certains codes liés aux genres. Le récit est rythmé, comporte quelques scènes d’actions rondement menées et l’intrigue, bien que simple, fait preuve de suffisamment d’attrait pour maintenir l’attention du lecteur jusqu’à la fin.
Une première aventure frôlant la perfection alors ? Non, hélas. Le style de l’auteur, à moins que se ne soit la traduction, est des plus rudimentaires. Certaines parties du récit, comme les premières années vampiriques de Sita après sa transformation, auraient mérité à être développées. Malgré cela, le personnage de Christopher Pike reste l’un de ceux qui m’ont le plus marqué de par sa force, son charisme mais aussi sa solitude. Etonnant lorsqu’on connait la réputation sans réelle envergure de cette série dans notre pays ! Le charme émanant de Sita porte-t-il à lui tout seul cette série, ne touchant au passage qu’une partie du lectorat auquel elle se destine ? Peut-être bien. Reste que La promesse est indéniablement le plus intéressant des six tomes de la série, facile à lire et à côté duquel il serait dommage de passer.
Merci Asmodée d’avoir enfin écrit ce que j’ai toujours pensé de ce livre et qu’une belle chronique voit le jour pour remettre à sa place cette collection trop vite oubliée !
La récente réédition du premier tome de la série m’aura enfin donné l’occasion de me pencher sur les aventures de Sita, et ce premier opus introductif. Si la réédition se voit affublée d’une couverture très dans l’air du temps, celle-ci ne parvient toujours pas à saisir l’ambiance assez particulière de la série.
L’héroïne-narratrice de ce premier volume est donc une vampire de 5000 ans ayant l’apparence d’une jeune adulte. Les caractéristiques vampiriques mis en scène sont assez classiques, même si l’auteur se permet des libertés avec les poncifs du genre. Ainsi Sita, de part son âge fort avancé, ne craint pas les symboles religieux, étant donné qu’elle a précédé toutes les religions monothéistes qui sont habituellement un terreau fertiles aux armes et objets repousses-vampires (crucifix en tête mais pas que).
Le grosse originalité du propos est d’avoir utilisé le panthéon hindou comme source du vampirisme. Krishna est ainsi un personnage central de ce premier opus, qui va avoir un impact fort sur la destinée de la race vampirique après sa confrontation avec Yaksha. C’est donc assez original sur ce plan-là, car il s’agit d’une mythique habituellement peu présente dans la littérature vampirique.
La traduction (ou le style de l’auteur, la VF ne nous permettant pas d’en être sûr à 100%) n’est certes pas parfaite, mais ce premier roman se laisse lire sans réel obstacle, et propose donc quelques innovations sur l’histoire du mythe. Ce qui est à mon sens suffisant pour trouver un intérêt à la lecture de cette réédition.
Etant donné que le premier tome s’achève sur un gros cliffhanger, j’attends de découvrir ce que nous réserver Christopher Pike dans la suite des aventures de Sita pour me faire un avis plus complet sur l’intérêt à long terme de cette série.