Un roi reçoit un jour la visite d’un moine mendiant qui lui remet un fruit. Dès le départ de son visiteur, le roi fait jeter le fruit. Mais le moine revient le lendemain, et les jours suivants. Puis il apprend que chacun des fruits contient un joyau. Heureusement il parvient à récupérer tous les fruits, qui renferment chacun une gemme précieuse. Voulant en savoir plus, le roi accepte de suivre le mendiant dans un cimetière.
Celui-ci lui demande d’apporter le cadavre qui pend à un arbre de l’autre côté des sépultures. Intrigué, le roi obtempère, mais quelques mètres de marche plus loin, le cadavre se réveille et propose au roi de lui raconter une petite histoire ; une fois celle-ci terminée, le cadavre, qui est hanté par l’esprit d’un vampire, lui pose une énigme, et celle-ci résolue, retourne à sa place, pendu à l’arbre. Le roi revient le chercher et le manège se répète une dizaine de fois.
Ici le vampire n’est en fait qu’une entité immatérielle qui prend possession d’un défunt pour poser des colles à ceux qui essaient de déplacer le corps, au profit d’une autre entité, maléfique celle-là. Ces contes sont traditionnellement rassemblés en recueil, appelé en sanskrit la Vetâlapañcavimsatikâ (ouf) parmi les plus anciens de l’Inde ancienne, transmis à l’oral puis fixés en langue sanskrite. Le vampire indien n’est ni bon ni mauvais, il se borne le plus souvent à raconter des histoires qui se terminent par des énigmes.
En résumé, nous avons là une revisite d’une variation du mythe vampirique, où la figure n’est pas celle d’un suceur de sang, mais bel et bien celle d’un esprit qui prend possession du corps d’un défunt et joue un jeu répétititf avec celui qui est venu déplacer la dépouille. Cette figure prend place dans un conte populaire, qui peut se décliner sous différentes formes dans la tradition écrite indienne.