Adelaïde, ancienne prostituée depuis revenue sur le droit chemin, se présente à la porte de John Crawford, un vétérinaire qu’elle a autrefois croisé, le temps d’une nuit. Leur fille, née de cette unique nuit d’amour, a disparu depuis sa naissance, et Adélaïde a tout lieu de croire qu’elle est la victime innocente d’un Néphilim, un vampire désincarné. Et ce dernier ne serait autre que John Polidori, ancien médecin de Byron. La menace représenté par le Nephilim ne date pas d’hier, et la famille Rossetti, apparentée au défunt auteur du Vampire, comprend rapidement que le danger est à nouveau d’actualité.
Je connaissais uniquement la plume de Tim Powers au travers de ses Voies d’Anubis, roman connu pour être l’un des instigateurs du steampunk. Du coup, difficile de passer à côté de ce nouveau roman, d’autant qu’il joue avec une certaine originalité avec le mythe du vampire, tout en conservant comme cadre l’époque victorienne, qui semble chère au cœur de l’auteur.
Niveau ambiance et histoire, difficile de ne pas se laisser happer par ce récit fantastique à la fois imaginatif, référencé, à la galerie de personnages aussi travaillée que complexe. Complexe, parce que personne n’est ici foncièrement bon ou mauvais, tous ayant des secrets dissimulés, de bon ou de mauvais gré. Reste que la plume n’est pas forcément aussi chargée que ce à quoi on pourrait s’attendre dans un récit qui se veut plongé dans cette époque. Somme toute efficace, mais pas foncièrement novateur, c’est donc pour majeure partie sur son histoire (découpée en plusieurs époques) que s’articule la trame de cette histoire, qui fait suite au Poids de son regard, qui utilisait déjà certains personnages de ce Parmi les tombes (mais dont la lecture n’est pas indispensable pour apprécier le roman présent).
Époque victorienne oblige, et avec le soin qu’on connaît à Tim Powers d’ancrer ses histoires dans un cadre historique réaliste, on croisera donc ici autant les Pré-raphaélites que des personnages comme Edward John Trelawny. Même si pour autant, l’auteur n’hésite pas à jouer entre réalité et fiction (et à adapter leur véritable histoire) pour intégrer au mieux ses personnages à son univers et son histoire. Les habitués de Powers (et de son comparse Blaylock) auront également le plaisir de croiser au moins une référence à William Ashbless.
Les vampires sont des créatures assez différentes de celles qu’on croise habituellement. Ici nommées Nephilim, ce sont des entités désincarnées qui puisent leur force en s’attachant, par le don de sang, à une famille ou une lignée donnée. Si plusieurs méthodes permettent de les affaiblir (l’ail, le souffre, les miroirs), ils semblent quasi indestructibles (même si susceptibles d’être enfermés durant de longues périodes), et à même de se créer des servants, car s’attirer les grâces de ces créatures octroie à la victime des capacités imaginatives à même d’en faire des artistes (peintres, romanciers, poètes…) de renom. L’auteur propose enfin une relecture assez originale de l’utilisation des miroirs pour lutter contre les vampires, motif qui est utilisé à plusieurs étapes du récit.
Un roman assez réussi qui permet au lecteur de se plonger dans un XIXe siècle fantasmé où l’humanité côtoient, à l’insu de la quasi totalité de ses membres, de dangereuses créatures de l’ombre, issues du fond des âges. Si le style est somme tout assez simple, le scénario, les personnages et l’univers sont assez travaillés pour transformer ce roman en un bien sympathique moment de lecture.
Merci pour cette bonne chronique ! 🙂
Cela faisait un moment que ce livre de Powers me faisait de l’œil…et ça y est, avec cet article je craque et vais ce matin me l’acheter… 😉
🙂
Bonne idée de lecture, j’adore Tim Powers.