Les vampires s’invitent à votre table, mais attention, quand ils ont les crocs, ils aiment dévorer à pleines dents de délicieux plats mitonnés, simples, savoureux, faciles à réaliser, et tout à fait raisonnables pour le porte-monnaie. Faites comme eux, tout en découvrant au passage diverses infos (culturelles, littéraires et cinématographiques), pourléchez-vous les babines à l’énoncé d’une cinquantaine de «véritables» recettes de cuisine roumaine, bulgare, hongroise, polonaise, grecque, irlandaise, italienne, anglaise, américaine, mexicaine, indienne et française, toutes inspirées par l’univers des vampires…
Alain Pozzuoli, que les amateurs du sujet connaissent déjà pour sa Bible Dracula (rééditée plusieurs fois), son travail d’anthologiste et sa spécialisation autour de Bram Stoker et de son Dracula, signe donc ici un livre de cuisine. Si l’exercice est souvent l’occasion de sombrer dans la facilité, en rebaptisant des recettes bien connues pour les faire coller au sujet, l’auteur va ici plus loin qu’un 30 recettes pour séduire un vampire en associant les recettes aux films, personnages, lieux, auteurs à qui elles sont associées. Une idée plutôt bien vue, qui permet de davantage ancrer les bons petits plats mordants, dont il est ici question, avec l’univers des vampires.
Tout en mijotant sa soupe froide des vampires ibériques, le lecteur-cuisinier découvrira ainsi la place du vampire dans le cinéma hispanique. En cuisinant son mouton vourdalak, il apprendra que le dit plat est servi au personnage de la nouvelle La famille du Vourdalak d’Alexei Tolstoï. En se penchant sur les douceurs de Carmilla, il se remémorera que le chocolat est le seul met ingéré par le personnage du même nom dans la nouvelle de Le Fanu.
Le livre ne se cantonne pas à un type de vampire, et s’intéresse autant au folklore (les broucolaques, les banshees et autres cupcacabras ont chacun droit à leur recette), qu’au cinéma (miam le Hamburger une nuit en enfer) a à la littérature (Les vampires de l’Alfama, L’impletata servie à Harker dans le roman de Stoker, etc). De quoi aborder de nombreux aspects du mythe sous l’angle culinaire, et permet (le livre s’achève d’ailleurs sur des conseils du genre) de dresser des menus complet en fonction des affinités du cuisinier avec le mythe.
Jusque-là, j’avais peu été convaincu par les livres de cuisines qui se penchaient sur le thème du vampire. Pozzuoli parvient à me réconcilier avec le genre, en proposant un livre aussi sympathiquement maquetté que réussi, tant par sa sélection de recettes que par les ajouts informatifs qu’il a disséminé un peu partout. Miam !