Après avoir fait la rencontre d’Amélia, Edward Turnbull fait la connaissance de l’employeur de cette dernière, le fameux professeur William Reynolds. Voyageur de commerce, Edward escompte vendre au savant des lunettes de conduite de sa fabrication, ayant eu vent de la passion de Sir Reynolds pour les voitures. Il découvre alors rapidement que les quatre roues ne sont plus au cœur de l’intérêt du scientifique, qui s’est lancé dans un tout autre projet : construire une machine à voyager dans le temps et l’espace. Dubitatif devant la création, Edward finit par se retrouver sur Mars en compagnie d’Amélia, sans moyen de retour.
La dédicace à H.G. Wells donne d’emblée le ton de ce roman de Christopher Priest, auteur anglais que beaucoup connaissent pour son roman Le Prestige (et le film de Nolan qui en a été tiré). Publié en 1976, La machine à explorer l’espace se présente comme une relecture ou un hommage à la Machine à explorer le temps et à la Guerre des mondes. Feuilletonesque en diable, le roman est avant tout un vrai page turner pour les amateurs de SF début de siècle, qui se paie le luxe de flirter avec le steampunk des années avant que la mode ne voit le jour. De nombreux rebondissements, une partie centrale qui lorgne vers le Prisonnier de la planète Mars et la Guerre des vampires de Gustave Lerouge, des personnages attachants, tous les ingrédients du pulp sont là pour contribuer à l’intérêt du texte, qui réécrit intelligemment les ouvrages auxquels il se référence, en parvenant à les enchainer logiquement.
Sur Mars, Amélia et Edward découvriront que les humanoïdes vivent sous la coupe de créatures difformes, sorte de cerveaux hypertrophiés, qui s’abreuvent de leur sang. Pour ce faire, ils ont construit des machines complexes qui leur permettent d’extraire l’hémoglobine de leurs esclaves pour se l’injecter directement. Pour autant, il ne s’agit pas d’une espèce pré-existante à celle des martiens, mais bien de créatures que ces mêmes Martiens ont créés, dans l’optique de trouver une solution au déclin de leur civilisation.
Une très agréable relecture de certains classiques de la littérature de science-fiction, particulièrement ceux de Wells (sachant que les héros finissent par rencontrer un personnage de ce nom), réalisée avec un style proche de celui des dime novel de l’époque, ne ménageant pas ses rebondissements et les effets de genre. Fortement conseillé !