Morsures est une histoire de vampire inhabituelle, que je devrais prendre sur moi de relire afin d’en dégager les réelles subtilités, qui m’ont échappées lors de ma lecture distraite… sans doute à cause d’un univers fade et moderne, ainsi qu’un style utile qui n’étaient pas tout à fait de mon goût. C’est pourtant un récit, à mon avis, intéressant à décortiquer et j’attends les commentaires des futurs lecteurs.
Mina est la fille bâtarde de Lucy et Harry, lui-même fils illégitime d’Hilda et du boucher. Dès sa naissance, Mina se sent étrangère à sa mère : toutes deux perçoivent qu’une part de cet être est différent, incompréhensible. Le lien avec le père, Harry, diffère : existant mais difficile à définir, loin d’un amour naturel. Une dimension « œdipienne » semble surgir quand Mina se masturbe pour la première fois, puisqu’elle rêve alors un peu plus tard de son père, dont on soupçonne qu’elle cause peut-être l’attaque dont il succombera dans la déchéance. Plus tard, un personnage adepte de la psychanalyse freudienne est d’ailleurs introduit (sous la forme d’une belle-mère juive), nous indiquant peut-être que cette analyse est une des voies à suivre.
Pourtant, tout n’est pas si simple : ainsi que le déclare sa mère, Mina se comporte comme un homme. C’est une femme forte, qui cumule les aventures, est indépendante et carriériste. Les rêves du personnage et certains aspects nous donnent alors à penser que Harry fait partie d’elle, depuis la déchéance de ce dernier, alors que celui-ci avait déjà une relation étrange avec sa propre mère, Hilda, dont le corps disparaît avant la fin de cérémonie de funérailles.
Bref, il reste bien des aspects à démêler dans cette histoire… Quant au vampirisme, il semble se situer à tous les niveaux, même si le sexuel est le plus visible. La morsure physique est évoquée depuis le début et il semble évident que la victime principale a l’esprit dangereusement accaparé par Mina, cette dernière ne pouvant vivre sans son amour.
Un livre à lire donc, si l’on veut vraiment se faire une idée. Ce roman est court, lisible en peu de temps et se classera dans le domaine des curiosités dans les collections de mordus.
Côté mythe du vampire, on est servi, puisque l’auteur en dispatche les éléments généreusement pour jouer avec, depuis les prénoms des personnages féminins, de la pâleur légendaire à l’image spéculaire problématique, au rôle du rêve dans le récit, jusqu’au somnambulisme stokérien ! L’enfant illégitime de parents illégitimes rappellera d’ailleurs le folklore, alors que la famille du vampirisé est issue de… Roumanie. Mais nous sommes dans un écrit moderne où le vampire n’a pas le port du croc très tangible et apprécie les bains de soleil, puisque le personnage est même spécialisé… dans le tourisme en zones européennes ensoleillées !