Il s’agit ici de présenter le deuxième tome de la série prévue en triptyque, intitulé « Le temps du Glaive ». Après avoir laissé Elisabeth seule face à son tourment à la fin du premier tome, nous la retrouvons dès le début de ce deuxième opus plus belle et plus puissante que jamais dans sa forteresse. Puissante, mais toujours prisonnière, soumise et liée à sa créatrice, Elisabeth va servir de bras armé à cette dernière, afin de les venger elle, et toutes ses sœurs d’infortune, femmes, sorcières, condamnées à périr par la Sainte Eglise. Cet épisode est celui du combat contre l’Eglise, contre le roi, contre la tyrannie et le despotisme. Le désir de vengeance d’Elisabeth sera-t-il plus fort ? Ou au contraire, aveuglée par la haine, se laissera-t-elle anéantir une seconde fois ?
Amaury Quétel, le scénariste, a volontairement choisi de s’éloigner du mythe « officiel » de la Comtesse sanglante, et a imaginé une histoire de résurrection après la mort de cette dernière. Ce faisant, il s’affranchissait de la rumeur selon laquelle elle était un vampire (et donc ne pouvant pas « mourir », puisque déjà morte) pour mieux se la réapproprier sous la forme d’une résurrection sous forme de vampire, opérée par une nécromancienne. Il s’est ainsi octroyé une plus grande liberté d’action, chaque écrit concernant la Comtesse étant décortiqué et débattu entre ses fans et des détracteurs. Il nous propose donc une histoire de vengeance originale, inédite, se détachant du mythe pour mieux y revenir…
La conception de la BD oscille selon moi entre la BD traditionnelle et le roman illustré. Planches de BD « classiques » se succèdent, entrecoupées de pleines pages dessinées avec des textes narratifs plus longs. Le style de Lawrence Rasson a beaucoup progressé depuis le premier tome, notamment au niveau des perspectives. Un énorme travail a également été réalisé pour les couleurs, et l’album, ayant été imprimé sur un papier plus qualitatif, le rendu est bien meilleur, et améliore nettement la sensation de lecture. A noter une superbe couverture, lumineuse… tout en contraste avec l’âme supposée très noire de la vampire.
Les caractéristiques de sa vampirisation sont particulières. Elle n’est pas devenue telle quelle après une morsure. Elle s’est relevée d’entre les morts après l’invocation d’une nécromancienne. Cependant, son gout immodéré pour le sang de ses victimes, ses crocs acérés font d’elle une vampire « accomplie ». Plus classique dans le mythe du vampire, on retrouve une sensualité à fleur de peau, la capacité de voler, en se transformant en chauve-souris, et une force surhumaine. Ajoutée à ces caractéristiques courantes, une capacité à influer sur les éléments. Du mythe de la Comtesse Bathory, les auteurs ont également retenu sa capacité à communiquer avec les loups, qu’elle appelle également ici pour se ranger à ses côtés.
Une BD à découvrir, un moment de lecture somme toute agréable, une très belle scène de bal, et le plaisir de voir progresser de jeunes auteurs. Et un mythe revisité dans lequel on se plonge, se replonge, ou qu’on découvre, empli de symboles disséminés ça et là au fil des pages. Un cliffhanger final nous donne envie de poursuivre l’aventure en leur compagnie…