Graal et Kradek-ka sont parvenus à leurs fins, les seigneurs vampires sont désormais libérés des Temples du Chaos où les Gardiens les retenaient prisonnier. Devant leur puissance destructrice, Kell, Sark, Myriam et Nienna n’ont d’autres choix que de battre en retraite, et fuir le plus loin possible des Aiguilles Noires. Mais l’avidité des trois dieux-vampires s’étend rapidement sur la totalité du Falanor, et Kell va devoir faire un choix : baisser définitivement les armes devant la dureté de la tâche ou prendre la tête de la résistance et tenter de mettre un terme aux ambitions de Bhu Vanesh, Meshwar et Kuradek.
Retardée suite à la fin d’Éclipse, il aura fallu attendre la reprise du catalogue de l’éditeur dans le giron de Panini pour que ce troisième (et a priori dernier, pour le moment) opus de La Légende de Kell ne voit enfin le jour en version française. N’ayant pas relu les deux précédents, il m’aura fallu quand-même un petit temps d’adaptation pour resituer là où s’était arrêté le deuxième opus, et me rappeler des objectifs de tout ce petit monde. Mais passé ce temps d’adaptation, on retrouve rapidement ses marques dans la saga de dark fantasy d’Andy Remic.
Si l’envie de l’auteur de ne pas éterniser son propos est louable, je dois tout de même avouer avoir trouvé certains temps forts du récit un peu rapidement amenés, notamment le face à face avec les seigneurs vampires (dont on nous vante la cruauté et la puissance depuis les deux premiers tomes), de même que le final laisse pas mal de questions en suspens, tout en initiant de nouveaux éléments narratifs. On sent donc bien qu’Andy Remic s’est laissé une porte pour revenir à ses personnages, mais je trouve ça un peu dommage que la fontrontation du héros avec trois entités surpuissantes tourne aussi rapidement en faveur du guerrier à la hache dévastatrice.
Au niveau du thème du vampire, on retrouve la mythologie assez originale de Remic, où les vachines apparaissent comme une mutation bio-mécanique des véritables vampires, à laquelle appartiennent Bhu Vanesh, Meshwar et Kuradek. À la différence des vachines, eux ont besoin de se nourrir de sang pur pour survivre, et regardent d’un air hautain leurs descendants mutants. Les vampires craignent cependant la lumière du soleil et sont sensibles à la décapitation, même si les seigneurs vampires sont des immortels parfaits, qui ne peuvent qu’être (au mieux) maintenus en stase grâce à une puissante magie.
Un troisième opus qui clôt la série pour le moment mais qui, malgré d’haletantes scènes de batailles et des retournements de situation assez durs, a tendance à trop rapidement refermer certains arcs narratifs dont on attendait le climax depuis le premier tome. L’ensemble ne manque malgré tout pas d’intérêt, même si on sent bien les influences de l’auteur (et peut-être davantage que dans les deux premiers tomes), Gemmel en tête, mais l’apport au mythe du vampire est indéniable et vaut à lui seul de se plonger dans cette lecture.