Je suis un vampire. Depuis bientôt deux mille ans. Pourtant je me souviens, comme si c’était hier, de ma vie de mortelle, de mes fantasmes d’adolescente, de ma première rencontre avec Marius, de mon mari, de mes amants. Jamais je n’oublierai mes visites au temple d’Isis, les persécutions de ses adeptes, le début du cauchemar. Ni les complots de la Rome d’Auguste, ni les trahisons, ni les massacres. Mon père assassiné sous mes yeux. La fuite à Antioche. L’espoir d’une nouvelle vie. Et toujours les rêves. Rêves où je me repais de sang. Rêves à la fois troublants et terrifiants. Rêves prémonitoires…
Premier roman de la série « Nouveaux contes des vampires« , Pandora a l’avantage de pouvoir être abordé comme une lecture autonome. Inutile donc d’avoir en préambule lu les Chroniques des Vampires, bien que la connaissance des évènements et des personnages décrits dans la saga régulière apporte un plus indéniable pour apprécier à sa juste valeur la présente histoire.
C’est David Talbot qui incite Pandora à consigner les péripéties de sa longue existence par écrit. Le récit de la vampire âgée de deux mille ans se focalise essentiellement sur sa jeunesse dorée au cœur de l’Empire Romain sous l’égide d’Auguste, ainsi que sur l’inéluctable destin qui va faire d’elle une immortelle puissante… Puissante, car Pandora n’est pas femme à se laisser dicter ses actes par les hommes. Intelligente, instruite et indépendante : le charme de cette fille de sénateur parvient à séduire le lecteur. Comme à son habitude, Anne Rice a le chic pour donner corps à son personnage en la dotant d’une force de caractère peu commune. Même dans la peau d’une simple humaine, elle réussit à surmonter les épreuves qui l’attendront dans la ville d’Antioche après sa fuite de Rome. Poursuivie par des rêves de sang, elle n’aura de cesse d’élucider l’énigme de ses mystérieuses visions.
Le récit de Pandora met en lumière sa rencontre avec Marius, mortel puis vampire, et l’amour que Pandora nourrit à l’égard de la poésie d’Ovide. La lecture du roman est une immersion dans le passé : de façon coloré et vivante bien que romancé, on entrevoit les modes de vies de cette époque et de ses citoyens, leurs coutumes et leur politique, la richesse d’Antioche à son apogée… autant de points susceptibles de captiver aussi bien les amoureux d’histoire que les amateurs de vampires. Calcinés suite à un drame ancien, certains buveurs de sang recherchent le sang d’Akasha afin de se régénérer. Marius est le fidèle gardien du couple royal ; ses retrouvailles avec celle qu’il aimait depuis des années ne seront en rien le fruit du hasard.
Excentré du reste de l’œuvre vampirique d’Anne Rice, ce premier tome des Nouveaux contes des vampires est un récit de qualité, rehaussé par un cadre somptueux. Comme pour Vittorio, le roman peut se dévorer même si on ne connaît pas les ouvrages précédents. Un style narratif élégant, des personnages accrocheurs, une héroïne aux ressources insoupçonnées… Pandora a tout pour plaire. Touchante dans ses états d’âme bien que protagoniste secondaire dans les aventures de Lestat, on retrouvera la vampire Romaine dans Le sang et l’or où sa relation avec Marius sera approfondie.