En BD, un recueil des plus célèbres contes macabres du monde : La Main (Guy de Maupassant), Le Pacte de Sir Dominick (Sheridan Le Fanu), La Maison du cauchemar (Edward Lucas White), Le Vampire (John William Polidori), La Maison B… à Candem Hill (Catherine Crowe), Le Voleur de cadavres (Robert Louis Stevenson), Le Chat noir (Edgar Allan Poe).
Parmi les sept titres au sommaire de Macabre, figure donc une adaptation de la longue nouvelle « Le Vampire » de John William Polidori. Pour rappel, le récit fut à son époque précurseur en matière de fiction vampirique. Aubrey, un jeune anglais de bonne famille, va être à la fois témoin et victime des agissements du maléfique Lord Ruthven. Cette étrange aventure apposa une marque indélébile sur le genre littéraire. Sous ses allures de gentilhomme pervers et cruel, le personnage manipulateur de Ruthven nous rappel que les buveurs de sang sont avant tout des prédateurs séducteurs. S’il s’accommode de la lumière du jour comme n’importe quel mortel, le vampire de Polidori n’en reste pas moins un monstre à visage humain, une créature qui va briser la vie d’un homme en détruisant un à un les êtres chers à son cœur.
Le travail de Pedro Rodiguez restitue parfaitement toute la force de l’ambiance et la tension graduelle du support originel. Le style de l’artiste peut prêter à controverse : certains adhéreront de suite, d’autres y seront réfractaires. Personnellement, j’avoue adorer le trait dynamique et très cartoon que l’on retrouve au fil de l’album. Les dessins évoquent les comic strips en faisant la part belle au mouvement et à la fluidité de la mise en scène.
La grande force de l’album Macabre ? L’atmosphère sinistre qui imprègne chacune des histoires. Pedro Rodriguez exploite à merveille les couleurs ternes, les ombres et les jeux de lumières. Que se soit pleine page ou en petites cases plus modestes, le résultat se révèle souvent sublime, comportant tous ces petits détails prompts à créer une ambiance inquiétante.
Si le vampire de Polidori est une réussite, bien que sa narration se trouve quelque peu condensée, il en va de même pour les six autres récits au menu. Ces différentes histoires se voient introduites de façon théâtrale par un mystérieux narrateur, avec en prime une biographie succincte de l’auteur à l’origine de la nouvelle. Fantôme, main assassine, pacte avec le diable ou maison hantée… tout le panel du fantastique se voit ainsi déployé. Les lecteurs à la recherche de quelques frissons gothiques seront comblés.
Macabre est donc un album BD à découvrir car il tient toutes ses promesses. Sa couverture est d’ailleurs tout à fait représentative du contenu. La qualité du papier et la mise en page ont fait l’objet d’une finition appréciable, ce qui ne manque pas de mettre en valeur le talent graphique de Pedro Rodriguez, qui signe ici une indéniable réussite. Même ceux qui ne tombent pas sous le charme de ses dessins et mises en couleurs feutrées trouveront de toute façon leur compte avec les adaptations d’histoires classiques et lugubres garantes d’une grande qualité… Un recueil à lire la nuit de préférence.