En 1947, les membres de la Bram Stoker Society décident d’envoyer en Transylvanie deux des leurs, suite au courrier d’un scientifique local, qui établit une corrélation entre des chutes de météorites survenues au XVIIe siècle et les premières légendes mettant en scène des morts-vivants. 3 ans plus tard, Kathy est envoyée en Amazonie, après qu’une étrange photo soit tombée entre les mains de ses supérieurs. Une créature humanoïde aussi pâle qu’au cerveau hypertrophié semble avoir intégré une tribu isolée, réputée pour sa cruauté envers les hommes blancs. Sur place, Kathy va rapidement comprendre qu’elle n’est pas la seule à s’intéresser à la question, et qu’un petit groupe d’Allemands espère lui aussi remonter la piste. Mais peut-être pas pour les mêmes raisons.
Je connais le travail de Léo depuis des années, ayant eu l’occasion de lire une partie de sa série Les mondes d’Aldébaran, à commencer par le premier cycle, Bételgeuse. Le dessin très personnel de l’auteur, associé à des thématiques écologistes ont rapidement su trouver leur chemin depuis les débuts de la publication de la saga, et Léo est devenu un nom connu dans le monde de la BD franco-belge. Kenya est l’autre grand cycle de l’auteur, qu’il co-signe avec Rodolphe, scénariste à la production assez dense, parmi lesquelles on trouve des séries comme Trent, Dock 21 ou encore Mary La Noire.
Il y a plusieurs années, j’avais lu sans grande conviction le premier tome de Kenya, duquel j’attendais quelque chose à la mesure des Mondes d’Aldebaran. Reprenant le fil plusieurs tomes plus loin (mais en commençant par un nouveau cycle) la lecture ne manque malgré tout pas d’intérêt. Les auteurs mélangent les genres : on débute avec une histoire digne de X-Files, qui va croiser par la suite le thème de l’or des nazis, voire flirter avec le mythe du vampire. Le tout n’est pas désagréable, même si l’on croise la route de certains personnages un peu caricaturaux (le prêtre libidineux en tête). Mais les auteurs savent faire prendre la sauce, et faire avancer leur intriguer. À noter des touches d’humours assez inhabituelles pour le duo d’auteur, mais qui jouent efficacement leurs rôles.
Pour ce qui est du dessin, Bertrand Marchal s’en sort plutôt bien. Le découpage est digne des albums de Léo, associé à un trait qui fait fortement penser à celui de Mounier, avec qui Rodolphe a travaillé pour Dock 21. Mais la couleur est plus réussie que dans la série précitée, et se rapproche (avec moins de psychédélisme) de celle des séries SF de Léo.
Pour le moment, le lien entre la sous-intrigue vampirique et l’essentiel de l’histoire est assez opaque. On comprend que, quelques années avant l’enquête de Kathy, des membres de la Bram Stoker Society ont été envoyés pour enquêter sur une chute de météorites contemporaines des premières légendes est-européennes consacrées aux vampires. De quoi faire plonger un duo de voyageur dans la Roumanie de Ceaucescu (1947), tout en mettant en scène des châteaux en ruines. Mais quel lien cette enquête entretient-elle avec le mystérieux humanoïde que Kathy part rechercher dans la jungle ? Pour le moment, mystère…
Si le premier opus de la série ne dévoile rien de tel, ce deuxième tome lorgne lourdement du côté du règne de Vlad Tepes, et vers les légendes associées au mythe du vampire. À voir comment les auteurs vont raccrocher tout ça dans le tome 3, mais l’ensemble est relativement bien mené, malgré le recours à certains poncifs au niveau de l’intrigue.