Né en 1969 à l’initiative de l’éditeur James Warren, sous la houlette de Forrest J. Ackerman et avec l’aide de l’artiste Trina Robbins (pour le costume et la coupe de cheveux), Vampirella est un protagoniste incontournable pour qui s’intéresse au vampire. À une époque où le Comic Code Authority empêche les publications comics traditionnelles d’utiliser des personnages de vampires, James Warren, éditeur de journaux, introduit ce personnage qui conjugue l’amour du fantastique et de l’horreur passé au vernis de la science-fiction. Vampirella devient rapidement une figure du genre, dépassant le cadre de présentatrice de récit (à l’image du Gardien de la Crypte des EC Comics), qui est, à l’origine, sa première fonction. Trois éditeurs plus tard (à Warren ont succédé Harris puis Dynamite Entertainment), la sculpturale vampire venue de Drakulon vit toujours de nouvelles histoires. Elle possède dans le même temps une continuité scénaristique tout aussi complexe que celle d’un personnage de Marvel ou DC Comics.
Steven A. Roman est un habitué du monde du comics et de la littérature de genre. On lui doit des romans tels que la saga des Chaos Engine (X-Men), des anthologies consacrées aux Zombies, à la matière lovecraftienne… En France, on a pu croiser son nom dans L’Almanach des Vampires, publié chez Rivière Blanche, avec la nouvelle « Les enfants de la nuit ». Plus près de nous, il a donné naissance au personnage de Lorelei, une succube dont l’une des sources d’inspiration est justement Vampirella. Ses recherches pour créer son héroïne l’ont mené à s’engager dans un ouvrage de fond sur la vampire en monokini rouge. Et sa rencontre avec Sean Fernald, reconnu comme l’historien officiel de la vampire extra-terrestre (et l’un des conseillers de Forrest J. Ackerman) lui aura ouvert des portes toujours plus nombreuses. Depuis la genèse de Vampirella jusqu’à la fin de l’ère Warren, en passant par une revue détaillée des arcs narratifs des aventures de l’héroïne (toujours pour cette même période), Roman propose un essai (le premier dans son genre) qui offre à mieux connaître les débuts du personnage.
L’analyse historique est précise, faisant intervenir (par des extraits d’interview ou des révélations recueillies directement par l’auteur ou dénichées lors de ses recherches) un nombre important de ceux qui ont travaillé sur la figure de Vampirella. En résulte une première partie passionnante qui nous permet de comprendre l’évolution scénaristique, graphique et éditoriale de la vampire. Roman ne s’arrête pas là, détaillant l’ensemble des arcs narratifs des aventures de l’héroïne (pour la période Warren), soulignant les incohérences, mettant en valeur l’impact des arrivées et départs des dessinateurs et scénaristes. La dernière partie s’intéresse quant à elle à l’honneur les produits sous licence attachées à Vampirella. Une large part est consacrée à l’histoire tumultueuse de son passage à l’écran, depuis le projet avorté de Hammer Films jusqu’au film de 1996 produit par Roger Corman. Les romans de Ron Goulard, qui adaptent certains arcs du comics sont également passés au crible.
L’ensemble est bien écrit, ponctuellement illustré, et offre de rassembler une somme de connaissances rare sur une des figures majeures du vampire du neuvième art. À la rigueur, la seule chose qu’on pourrait reprocher à cet ouvrage est de ne se pencher que sur la première partie de l’existence du personnage. Il est bien question des périodes Harris Publishing et Dynamite Entertainment au fil du texte, bien sûr, mais les arcs narratifs qui ont vu le jour après la banqueroute de Warren ne sont pas passés au crible. Pour autant, difficile de bouder son intérêt : pouvoir découvrir le script du film avorté, dans lequel Peter Cushing aurait dû incarner Pendragon (et ce, grâce à l’exemplaire du script de Cushing lui-même), les autres liens cinématographiques de Vampirella, ainsi que les rouages éditoriaux qui ont contribué à façonner le personnage dans sa période classique est un réel plaisir… ce From the Stars… a Vampiress est une lecture chaudement conseillée.