Au milieu des sagas qui n’en finissent plus de rebondir et en viennent donc naturellement à tourner en rond, c’est rafraichissant de découvrir une héroïne qui a la classe de partir en pleine gloire. Car il faut bien le reconnaître, Sarah nous manquera sans doute un peu. Ses aventures rocambolesques, son caractère fort et guimauve à la fois, ses questions existentielles et ses préoccupations fashion ont fait d’elle, au fil des romans, un personnage attachant.
Michelle Rowan avait déjà su rebondir avec aisance sur le succès en détournant son troisième roman de ses personnages principaux et en créant un spin off. Ici, elle clôt sa série dans les grandes largeurs puisqu’elle réunit les personnages qu’elles avaient séparés. Quinn a longtemps cru être amoureux de Sarah, qui était, elle amoureuse de Thierry. Janie a été engagée pour protéger Sarah mais avait pour mission secrète de la tuer. Le cocktail de ces personnages est détonnant. Vampires anciens ou bébés vampires, fashion victim ou mercenaire, ces quatre là n’ont rien en commun. Pourtant, ils nous ont conquis chacun à leur façon au fil des quatre précédents tomes de la série.
Avec un humour toujours percutant, Sarah nous entraîne dans son sillage vers la fin de ses aventures. Fleur bleue comme elle l’est, elle pense encore que chacun garde un peu d’humanité et que cette humanité pendra un jour le dessus.
Toujours empêtrée dans sa malédiction, qui fait d’elle une nocturne, un vampire incontrôlable et noctambule, elle doit souffrir la présence de Gideon Chase, ancien chef des chasseurs de vampires, et accessoirement play boy, aujourd’hui ravagé par les flammes de l’enfer. Défense de revoir Thierry, obligation de répondre à tous les caprices de Chase, qu’elle devra d’ailleurs transformer en vampire selon un rituel bien précis, persuadé qu’il est que le sang de la belle, influencé par plusieurs maîtres vampires, ne pourra que le guérir des flammes de l’enfer et faire de lui le puissant en chef !
Avec le caractère de Sarah, on se demande bien pourquoi elle accepte. Pour protéger les siens ? Parce qu’elle espère que Gideon lui permettra de redevenir elle-même ? Parce que Gideon n’est pas aussi pourri qu’il en a l’air ? Les possibilités sont multiples et on ne s’ennuie guère à la lecture de ce cinquième opus. Le style de l’auteur est toujours réjouissant, bien que le moral de Sarah soit en berne.
Si l’histoire de ce tome continue directement l’intrigue du tome 4, on a pourtant droit à notre dose de nouveauté puisqu’on découvre une espèce de vampires qui avait jadis disparu : les nocturnes. Sarah, à travers la malédiction dont elle a été victime, doit vivre avec ce nouveau problème. Au début, nantie d’un pendentif qui en annule les effets, elle parvient à gérer tant bien que mal cet état. Par la suite elle va devoir composer avec sa nouvelle identité, jusqu’à vouloir mourir.
Il faut dire que nous retrouvons les caractéristiques des vampires d’antan, presque sauvages : addiction au sang, force décuplée, allergie au soleil… C’est un joli hommage aux vampires que nous avons eu l’habitude de voir avant l’avènement des nouveaux vampires humanisés de ces derniers temps. Nous en découvrons aussi un peu plus sur l’Histoire des vampires et sur la figure emblématique du Diable Rouge. En effet, celui-ci va se faire un devoir de protéger Sarah, des autres comme d’elle-même.
Tous les personnages qui ont compté dans l’un des tomes se retrouvent d’ailleurs dans les pages de cette ultime histoire. On sera ravi de retrouver Sarah et de mettre un terme à ses aventures. On a en effet une fin, une vraie, mais c’est un peu le point noir de ce dernier tome. Car si la fin est bienvenue, elle n’en est pas moins cousue de fil blanc et presque dans l’esprit « conte de fées ». Cela dit, ça correspond plutôt pas mal à Sarah en définitive !
On referme le livre en pardonnant à l’auteur ce petit manque de piquant des dernières pages et en gardant surtout à l’esprit que le style percutant, fluide et plein de d’humour de Michelle Rowen n’est pas réservé qu’à Sarah. En effet, on peut découvrir d’autres écrits de Michelle Rowen, en VO pour l’instant. Elle écrit aussi dans d’autres genres, sous des pseudonymes différents, thriller surnaturel ou suspense romantique futuriste. A voir le succès de la Série Sarah Dearly, il y a fort à parier qu’on retrouvera bientôt ces inédits dans notre langue !