Il y a 200 ans, Mary Shelley donnait vie au monstre de Frankenstein, par l’entremise de son créateur Viktor von Frankenstein. Né en parallèle des premières découvertes sur l’électricité, Frankenstein est une relecture par la science de la figure du golem, rappelant la vieille antienne de la résurrection des morts. À partir de son travail effectué il y a quelques années sur Les nombreuses vies de Frankenstein, André-François Ruaud se penche une nouvelle fois sur le sujet, reprenant la dynamique de la Bibliothèque Rouge, qui dressait la bibliographie de personnages de fiction en s’intéressant autant à leur fortune littéraire qu’à leurs liens avec le réel.
Si j’ai dans ma bibliothèque plusieurs des ouvrages de la Bibliothèque Rouge (Sherlock Holmes, Dracula et Cthulhu y ont ainsi eu droit de citer), ce n’était pas le cas du Frankenstein. Aussi est-ce avec un intérêt certain que j’ai commencé ma lecture de cette nouvelle mouture. Pour qui s’intéresse à l’histoire du vampire en littérature, Frankenstein n’est pas loin, quand on sait que le Vampire de John Polidori et le roman de Mary Shelley sont nés du même jeu littéraire, lors d’un séjour des deux auteurs précités, accompagnés de Lord Byron et de Percy Shelley. Et bien évidemment, André-François Ruaud revient sur ces éléments, sur la personnalité de Byron ainsi que sur ses liens avec la figure du vampire (on lui a certes attribué un temps l’écriture du roman de Polidori, mais cela ne doit pas fait oublier qu’il a écrit plusieurs poèmes fortement imprégnés de la chose vampirique).
Plus inattendu est le chapitre consacré aux autres monstres de l’âge de raison, qui se penche sur la genèse du monstre en littérature, alors que le XVIIIe siècle, où la science prend le pas sur les croyances et le surnaturel, vient de s’achever (Frankenstein a été publié en 1818). L’auteur remonte ainsi à la transition de ces créatures depuis le monde des croyances et du folklore jusqu’à leur avènement en littérature de fiction. Et bien évidemment, c’est le vampire qui est au centre de ce chapitre, depuis les affaires Paole et Plogojovitz, jusqu’à ce qu’Ann Radcliffe ne devienne la première chasseuse de vampire sous la plume de Paul Féval.
Frankenstein étant une des créatures emblématiques de la littérature gothique anglaise, difficile de ne pas s’intéresser à sa genèse pour qui s’intéresse également à la figure du vampire. Ce petit ouvrage, doté d’une très jolie maquette, est un bon moyen de compléter ses connaissances sur le sujet.