On connaît la vieille malédiction chinoise: » Puissiez-vous vivre des temps intéressants! «
L’ennui, c’est que quand, comme Dracula, on est un vampire et que l’on traverse les siècles, on ne cesse de vivre des époques intéressantes… Par exemple la Révolution française et la Terreur, où le fait d’être comte et étranger n’est pas nécessairement un avantage, surtout si des membres de votre propre famille complotent contre vous.
Certes, cela permet de rencontrer des gens passionnants, tels Napoléon, Robespierre, le marquis de Sade et pourquoi pas le détective Dupin ou madame Tussaud. Mais la chose risque fort de se terminer dans le sang…
Autant j’avais vraiment apprécié le premier opus de la série de Fred Saberhagen consacré à Dracula, autant cet opus-ci confirme ce que j’avais ressenti à la lecture des ouvrages qui ont suivi. Le scénario n’est pas inintéressant, ni le contexte historique, mais force est d’avouer que le style de Saberhagen manque de dynamisme. Faire intervenir la lutte intestine entre Dracula et son frère Radu en pleine révolution française, et les faire croiser le chemin de Robespierre, Danton, Napoléon, voilà qui semblait prometteur, mais l’auteur peine vraiment à donner vie à ses personnages, dont la psychologie est peu développée et la personnalité bien lisse.
Les vampires de ce roman obéissent bien sûr aux archétypes du genre, que Saberhagen suit à quelques libertés près depuis son premier roman. Il introduit cependant l’idée selon laquelle la décapitation d’un vampire avec une arme de métal ne peut le vaincre, mais seulement le mettre en sommeil pendant un temps. Seule une lame de bois peut avoir le pouvoir de réduire la vie des non-morts à néant.
Au final, si la trame et le contexte ici mis en scène pouvaient laisser espérer une histoire prometteuse, le résultat final pêche par manque d’âme et de dynamisme. L’ensemble se laisse lire, mais le récit a peu de chance de marquer durablement le lecteur.