Sherlock Holmes se trouve confronté à deux problèmes apparemment insolubles : d’une part, les activités de maîtres chanteurs qui menacent de lâcher sur Londres des milliers de rats porteurs de la peste et, d’autre part, un étrange tueur qui laisse derrière lui des cadavres entièrement vidés de leur sang. Dracula détient la clef des deux énigmes. Revenu à Londres pour raisons personnelles, le comte se trouve rapidement pris dans un piège diabolique face auquel même ses pouvoirs surnaturels risquent de se révéler impuissants. Mais les grands esprits finissent toujours par se rencontrer.
Alors que son « Confessions de Dracula » m’avait laissé un très bon souvenir, voilà que Fred Saberhagen commet l’irréparable en écornant deux des plus grands mythes de la littérature anglaise de la fin du 19e : Sherlock Holmes et Dracula. La vision des vampires ici exposée poursuit les bases posées dans les précédents opus de l’auteur : la majeure partie des assertions de Van Helsing sont fausses : Dracula ne craint pas les symboles religieux et peut dans une certaine mesure se mouvoir à la lumière du jour.
Du vampire de Stoker, il conserve la soif de sang, l’échange de fluide sanguin comme moyen de donner vie à un vampire (quoi que l’auteur apporte un complément à cette caractéristique en fin d’ouvrage), la nécessité de reposer dans la terre de son pays natal pour retrouver ses forces et ses pouvoirs de métamorphes. La manière dont l’auteur avait utilisé cette vision du vampire dans ses précédents ouvrages était tout à fait honorable, mais là c’est par le scénario et les ressorts dramatiques exploités que le bat blesse. Cette histoire de scientifiques déchus décidés à faire payer Londres en menaçant les autorités d’une épidémie de peste est maladroitement amenée, bancale et n’a d’intérêt que de nous remettre en présence de personnages du roman de Stoker.
Le personnage de Dracula est peu attachant, à l’instar du roman précité du même auteur, et on le sent plus dépassé par les événements que fin stratège. Et que dire du traitement de Sherlock Holmes si ce n’est que l’auteur va se permettre de ridicules mises au point sur la jeunesse de celui-ci et établir un lien filial avec Dracula. De plus, faire le lien entre Sherlock Holmes et le fantastique va à l’encontre de toute la bibliographie du héros, dont les histoires, aussi fantastiques puissent-elles paraîtrent, ont toujours trouvé une conclusion pragmatique. En bref, un livre à éviter à tout prix pour qui apprécie un tant soit peu l’oeuvre de Bram Stoker et celle de Conan Doyle.
Mais pour quelqu’un qui n’appréciait pas le roman de Bram Stoker, qui n’est pas regardant du respect de l’oeuvre originale et qui voit la chose comme une sorte de réalité alternative, cela reste un très bon moment de lecture. Certes, c’est tiré par les cheveux, mais ça n’est pas pire que l’introduction de Raspoutine, Robespierre & co dans les autres romans.
Et si l’on est du genre à ne pas en demander trop au niveau du style de l’auteur, ça reste une expérience fichtrement intéressante de faire se croiser Holmes et Dracula (même si les délires de l’auteur concernant Holmes ont tendance à m’amener un sourire aux lèvres)
(Intéressant le blog sur les vampires, et merci pour la critique – même négative – sur mon blog :b)