Sadoul, Barbara. Vampirette et sortilèges

Carmilla revient du pensionnant pour son quinzième anniversaire, qu’elle doit fêter auprès de son père et de ses marraines. Même si elle a déjà pu comprendre que sa famille est sujette à quelques bizarreries, Carmilla ne sait pas tout, notamment les secrets qui entourent sa naissance, et la disparition de sa mère. Or, la petit fille a atteint l’âge où le choix va se poser pour elle. Rester du côté des humains ou… rejoindre son père dans le monde de la nuit ? Car sous ses lubies un peu particulières, le comte n’en est pas moins… un vampire.

Barbara Sadoul est bien connue des amateurs de fantastique, et tout particulièrement du mythe du vampire. Anthologiste de talent, romancière, elle n’en avoue pas moins un amour certain pour les planches de théâtre. Un intérêt à l’origine des deux pièces qui constituent le coeur de Vampirette et sortilège, qui concilie ainsi deux des passions de l’auteur. A la manière d’un Pierre Gripari (qu’elle a rencontré il y a de nombreuses années), Barbara Sadoul propose une pièce de théâtre qui puise dans l’imaginaire tout en s’amusant des codes et des références. Un imaginaire décomplexé, chamboulé, et un théâtre participatif, qui joue et fait jouer le public.

L’ambiance, il ne faut pas le cacher, est quand même très orienté jeunesse, même si les auteurs clament en exergue qu’elle se destine à la tranche des 6 à 777 ans. L’ensemble n’en est pas moins savoureux, regorgeant de détournements et de clins d’oeils en tout genre. La scénariste et metteur en scène prend un malin plaisir à faire jouer son public, à faire interagir les acteurs avec celui-ci, créant une dynamique qui doit vraiment trouver son intérêt sur scène, car plus difficile à appréhender (parce que décrit précisément) via le script. C’est souvent (et nécessairement) le souci des scripts de pièce de théâtre, que de désacraliser la mise en scène. Reste que l’on sent bien pointer, en fond de cours dans les deux pièces, une certaine réflexion à destination des plus jeunes sur la différence, qu’il s’agisse d’accepter celle des autres ou les propres changement de son existence.

Les illustrations, signées Mary-Gaël Tramon sont pour le moins réussies, et donne une touche de vie au scripts des deux pièces de Barbara Sadoul. Son trait simple, très typé jeunesse, est maîtrisé et homogène, et permet de suppléer à la barrière de la représentation des personnages, donnant à voir au lecteur les vrais visages des différents protagonistes. Sachant que les deux auteurs s’en sont donné à coeur joie à la fin de l’ouvrage, incluant moults jeux et échanges avec le lecteur, qu’il s’agit de leurs biographies et de moults jeux en tout genre qui permettront de prolonger le plaisir de manière ludique (pour les plus jeunes).

Barbara Sadoul connaît ses classiques sur le bout des doigts, ce qui lui permet aisément de jouer avec. Son compte Belloc est ainsi un vampire végétarien qui peut se passer de sang à l’aide d’un patch, qui le force à s’abreuver régulièrement de jus de tomate en contrepartie. Ce qui ne l’empêche pas de devoir se reposer la journée, dans son cercueil. Pour les reste, sa fille est une sorte de Dhampir, mi-humaine mi-vampire, qui doit choisir, l’âge venu, de rester totalement humaine ou d’embrasser sa destinée de créature de la nuit.

Un ouvrage sympathique pour qui n’aurait pas l’occasion de voir la pièce de théâtre sur scène, où elle doit sans aucun doute prendre tout son sel, au vu des nombreux éléments d’ambiance (des décors à la musique) et autres jeux entre le public et les acteurs auxquels l’auteur a pensé. Sans compter que les illustrations sont réussies et collent parfaitement à l’ambiance fantastico-délirante (et jeunesse) de l’ensemble.