C’est l’anniversaire de Carmilla, mais Odilon n’a pas le cœur à la fête. Son père lui manque : il ne l’a pas revu depuis qu’il est devenu un buveur d’encre. C’est décidé : Odilon va tenter de renouer avec sa famille. Mais son père est-il prêt à lui pardonner d’être devenu un buveur d’encre ? Pour ça, le jeune garçon a une idée : raconter son histoire dans un livre et le déposer dans la librairie de son père en espérant que celui-ci le trouve… et le lise !
Ce nouvel épisode va permettre à l’auteur de faire, du moins pour un temps, retourner Odilon dans le monde des humains. En effet, s’il vit parmi les autres buveurs de sang depuis depuis qu’il a été mordu par Draculivre, et depuis que son père s’est aperçu de son état, il n’en est pas moins nostalgique de sa famille. Son père l’a en effet rejeté, et semble avoir fait une croix sur l’existence même de ce fils dont la pathologie le pousse à s’abreuver de l’encre de ces livres qu’il adore tant. C’est une nouvelle fois très bien vu, très juste (le thème du décès des proches, du refus de l’acceptation des différences) joliment écrit, même si on pourrait regretter que la galerie de personnage ne s’étoffe pas davantage au fil des opus.
Le dessin est une fois de plus de très belle facture, les tons pastels, et le côté sombre des décors de Dracuville (les maison sont des caveaux, il ne faut pas l’oublier) sont habilement contrebalancés par le jeu de lumière qui est celui du monde des humains, où vit encore le père d’Odilon. Les moments touchants du texte sont bien mis en image par le dessinateur qui matérialise de manière réussie l’ambiance du livre.
Au niveau des vampires (ou plutôt des buveurs d’encre), on apprend peu de chose dont nous ne soyons déjà au courant. Dracuville ressemble à un cimetière dans lequel les buveurs d’encre ont élus domicile. Les livres dont ils s’abreuvent ne meurent pas même si l’encre disparaît des pages. Si on écoute Odilon, l’histoire continue de vivre dans l’esprit du vampire, et le livre est à nouveau disponible pour qu’on puisse y raconter une nouvelle histoire.
Une fois de plus, cette série jeunesse fait preuve d’une grande justesse, sans tomber dans la mièvrerie ni la trop grande facilité. La mort et l’acceptation des différences m’ont ainsi semblé deux des thèmes forts de cet opus. Chaudement recommandé pour les plus jeunes, d’autant que la relecture du mythe est assez savoureuse et inventive.