Petit Vampire broie du noir. Il regrette que sa vie de vampire soit aussi compliquée, et qu’elle nuise à son amitié avec Michel. Quand il apprend que les grands-parents de son meilleur ami sont menacés par le Gibbous, il décide de contre-attaquer, et d’affronter lui-même l’ennemi numéro 1 des siens. Accompagné de ses amis monstres, il va tomber dans un piège tendu par le Gibbous, qui cherche à attirer Le Capitaine, et à lui disputer l’amour de la mère de Petit Vampire.
Avec ce 3e tome de Petit Vampire chez Rue de Sèvres, Joann Sfar signe la conclusion de cette réinvention de son personnage emblématique, dont le premier volet date de 2017. La fresque imaginée par l’auteur s’oriente d’emblée vers une confrontation finale, déclenchée par les liens amicaux qui se sont tissés entre Michel et le personnage titre. Je n’avais jamais eu l’occasion de finir le cycle original, paru chez Delcourt entre 1999 et 2005, ayant surtout approché la production vampirique de l’auteur, à l’époque, par le biais de Grand Vampire (réédité depuis sous les titres du Bestiaire Amoureux, voire de Vampire). C’est donc avec un certain intérêt que je m’étais lancée dans la lecture de cette nouvelle série, Joann Sfar étant un des auteurs dont la production vampirique aura le plus marqué la BD francophone ces deux dernières décennies.
Cet ultime volume mélange toutes les idées et valeurs qui sous-tendent la série depuis son premier opus, à savoir l’amitié, l’amour et la famille. C’est aussi pour Petit Vampire l’occasion de montrer à Michel jusqu’où va son amitié pour lui, et de prendre les rênes d’une expédition contre le Gibbous. C’est également un tome qui n’est pas avare en révélations, que ce soit sur ce personnage à tête de lune, sur la relation entre Le Capitaine et Boisdormant, la proue de son navire, voire sur les origines de Petit Vampire (même si à ce niveau, il reste encore des zones d’ombres). Le combat naval (volant) entre Le Capitaine et son ennemi de près de 300 ans ne manque pas de panache, et la conclusion est à l’image même de la série : inattendue.
Sfar maîtrise merveilleusement son personnage et les codes graphiques qu’il a imposés à ce dernier et son univers depuis 1999. Pour autant, je trouve les couleurs de cette reprise moins sombres, plus lumineuses. Le style faussement naïf de l’auteur colle bien à ce récit. Il donne à l’ensemble un côté enfantin, mais il sait aussi brouiller les pistes en campant des personnages plus adultes, comme Boisdormant. Et la galerie des monstres en présence lui offre l’occasion de varier les formes pour le plus grand plaisir du lecteur.
En ce qui concerne les vampires, on apprend que ces derniers ne peuvent prendre « vie » que si on leur a brisé le coeur. On aura une fois de plus la preuve que la lumière du soleil leur est néfaste, même s’ils peuvent se protéger pour y faire face. Les vampires peuvent également se transformer en animal (ici en rongeur), et possèdent certains pouvoirs surnaturels, comme l’hypnose. Enfin, leur immortalité ne fait aucun doute : cela fait 300 ans que Petit Vampire a vu le jour.
Un dernier opus à l’image des débuts de la série. De très bonnes idées de mise en scène, de l’action, mais aussi des dialogues savoureux qui mettent un point final à cette réinvention de la geste de Petit Vampire.