Dans la vieille maison, ce soir est comme tous les autres soirs pour les monstres qui y vivent. Enfin pour tous à part Petit Vampire, qui voudrait avoir des copains de son âge et donc aller à l’école ! Sauf que Petit Vampire ne peut aller à l’école que la nuit, et la nuit il n’y a personne à l’école. Pourtant, il va quand-même se faire un ami, Michel ! Comment, en lui faisant ses devoirs la nuit, assis à son pupitre. Une nouvelle amitié va naître pour Petit Vampire, qui va découvrir le monde des humains, et Michel qui va, lui, entrer dans la vieille maison des monstres de tous acabits !
Quand j’ai vu le nom de cette BD sur les listes d’ouvrage recommandés par l’Education Nationale, je me suis réjouie de voir que le monde nocturne faisait enfin son entrée dans la cour d’école !! Son auteur, Joann Sfar est bien connu des lecteurs de Bandes dessinées, mais aussi des amateurs de cinéma, puisqu’il a signé l’an dernier la réalisation de « Gainsbourg, vie Héroïque ». Petit Vampire est un vampire enfant, fils de Pandora, la compagne du capitaine du Hollandais volant ! On retrouve donc dans cette BD quelques-uns des mythiques personnages qui peuplent notre monde imaginaire et sanglant, tout en restant dans le registre du supportable pour nos enfants. On pourrait même dire que cette BD, très sombre dans les fonds pour être pourtant colorée dans les détails permet d’aborder avec les têtes blondes l’univers du fantastique sans égratigner les cauchemars, à l’image de Michel, qui découvre la vie de petit Vampire et de ses acolytes.
Le graphisme est plaisant, on y retrouve plusieurs influences, mêlant bande dessinée traditionnelle et personnages plus japonisants. Les images ne sont pas figées dans un seul format mais évoluent au gré des changements de la narration, quant aux répliques des personnages, elles sont parfois très justes, comme Petit Vampire qui explique que ses parents sont des morts-vivants à Michel, orphelin, qui répond que ses parents à lui sont des morts-morts ! Quelques petites touches d’humour à l’échelle de l’âge des lecteurs sauront sans doute aussi plaire aux enfants, comme le monstre qui pue proposant du caca pour faire un cadeau à la maîtresse : « Du caca, ça fait toujours plaisir ! ».
Bien sûr, la figure du vampire est ici édulcorée, bien que petit Vampire ait l’autorisation maternelle de mordre les filles jusqu’au sang, plaisir ô combien particulier pour un petit garçon, mais il répond néanmoins à plusieurs des caractéristiques des créatures de la nuit. Il ne peut pas sortir en plein jour, il a le teint grisâtre des nocturnes et vit dans une vieille demeure hantée. Comme Dracula en son temps, Petit Vampire peut voler et malgré les monstres qui l’entourent et son chien rouge Fantomate, il souffre de la solitude.
Ce qui amène à aborder le sujet de la morale que l’on trouve dans l’ouvrage. Un appel à la tolérance et au travail, qu’on retrouve fréquemment dans les livres pour enfant. Petit Vampire sera accepté sans problème malgré sa condition par un petit humain qui prendra conscience de l’importance de faire son travail pour être libre. Sous ses airs anodins, sombre sans être inquiétant, « Petit Vampire va à l’école » est intéressant pour évoquer la littérature fantastique avec des enfants dès l’âge de 7 ans.
Les nombreuses touches d’humour, tant dans le trait que dans les répliques, permettent à l’enfant de trouver du plaisir dans sa lecture, et aux parents de partager cette lecture ! « Petit Vampire va à l’école » est le premier tome d’une série qui en compte 7. C’est aussi le personnage principal d’une série de dessins animés ainsi que le héros d’une série de nouvelles. C’est finalement un personnage qui va devenir récurrent dans les classes primaires et ouvrir les nouvelles générations à l’imaginaire sombre, bien loin de ce que la bit-lit réserve aux ados.
Petit Vampire vit avec sa maman dans le monde des revenants. Il n’arrive cependant pas à se distraire. Il voudrait aller à l’école comme tout le monde. Après une tentative ratée (oui, les enfants ne vont pas à l’école la nuit), les monstres décident de l’aider. Ils créent donc une école des monstres où Petit Vampire fait ses devoirs dans un cahier d’un enfant. S’ensuit ensuite une correspondance avec Michel qui deviendra son ami.
Cette série de bande-dessinée jeunesse entre dans la lignée des œuvres initiatiques. La pédagogie se profile à travers l’histoire fictive d’un petit vampire vivant dans son propre monde. La méthode peut s’apparenter à celle de la série des Martine. En effet, on compte plusieurs tomes, tous contenant le même titre « Petit Vampire » comme Petit Vampire va à l’Ecole, Petit Vampire et la maison qui avait l’air normale, etc. Les dessins sont enfantins mais compréhensibles sans choquer. Le style de l’écriture est fluide et surtout simple. La phrase est construite dans la plus humble des méthodes : sujet, verbe, complément. Pas de fioriture mais de l’humour est tout de même présent. L’histoire est racontée avec un point de vue interne ce qui permet une identification rapide à Petit Vampire et un divertissement encore plus plaisant.
Le vampire est représenté dans un cadre enfantin, sans horreur. On retrouve cependant les caractères physiques de la figure comme la robe noire longue et élancée, les oreilles pointues, le teint blafard (gris ici). Les caractéristiques ne sont pas poussées à l’extrême mais on sait que le vampire est un mort-vivant, appartenant au monde de la nuit (ne peut pas sortir le jour), qu’ils peuvent se transformer en rat et autres animaux et peuvent également voler. La morsure est également présente mais non comme un acte mortel mais comme une agression d’enfant pouvant se faire gronder par sa maman.
En bref, cette bande dessinée offre un cadre fantastique qui transporte les enfants tout en leur apprenant des choses. Joann Sfar a réussi à créer un monde fantastique tout en y mêlant pédagogie et humour avec des dessins attrayants.