Darren Shan a une passion : les araignées. Alors qu’il assiste, en compagnie de son meilleur ami Steve, à la représentation clandestine d’un cirque spécialisé dans le monstrueux et le grotesque, il tombe en admiration devant une gigantesque tarentule savante du nom de Madame Octa. Bien que celle-ci soit la propriété d’un effrayant personnage, Mr Crepsley, Darren n’hésite pas à la voler. Mais celle-ci pique Steve. Pour le sauver Darren n’a qu’une solution… qui va lui demander un sacrifice énorme !
La morsure de l’araignée, premier tome des aventures de Darren Shan, est une véritable bouffée de fraîcheur à lire. Cette série datant tout de même de 2000 a déjà été publiée chez différents éditeurs auparavant. Elle se démarque du reste de la littérature fantastique classifiée jeunesse par le ton mâture qui s’en dégage astucieusement, malgré la lecture très facile mise en place par l’auteur. L’auteur, justement, qui s’est amusé à baptiser son héros du même nom que son propre pseudonyme.
Le récit qui inaugure une saga vampirique originale n’est pas avare en rebondissements de toutes sortes. Derrière un ton innocent empreint de naïveté, l’histoire parvient à instaurer une intrigue prenante au fil des chapitres. On voit la vie somme toute normale de Darren basculer dans un monde où les vampires, les loups-garous et monstres en tout genre existent. Si le fond revendique une certaine légèreté, le suspens n’en reste pas moins présent, et certains thèmes difficiles sont abordés avec un tact insoupçonné.
Le mythe du vampire offre ici un visage novateur et parfaitement équilibré, à l’image de l’ouvrage. L’espèce de buveur de sang auquel appartient Larten Crepsley, le propriétaire de la tarentule Madame Octo, comporte des spécificités intéressantes. Dans l’univers de Darren Shan, les vampires ne sont pas immortels. Ils ont une espérance de vie dix fois plus longue que les humains normaux, mais finissent par périr le moment venu. Pour un vampire, dix années d’existence n’équivalent qu’à une seule année. Le côté réaliste du vampirisme est donc favorisé au profit des aspects mystiques habituelles.
Pour leurs assistants qui répondent au nom de « semi-vampire », cinq années ne valent que pour une année. Si ces derniers sont moins puissants que les vampires confirmés, ils possèdent néanmoins des aptitudes hors normes telles qu’une résistance et une force accrue, des pouvoirs hypnotiques… Le sang est un élément important entre tous. C’est notamment grâce à lui qu’un vampire peut savoir si un enfant va devenir ou non démoniaque, et décidé de le changer à son image. Larten Crepsley est capable de boire le sang d’une victime sans pour autant provoquer sa mort.
Ce premier opus offre une lecture enthousiasmante. Une fois le bouquin terminé, on trépigne d’impatience pour en connaître la suite. Que son étiquette « jeunesse » ne rebute pas les amateurs de très bonne fiction vampirique, car Darren Shan est une œuvre bourrée de charme. Simple dans le fond, mais ingénieuse et incroyablement prenante.
Cette série de romans a connu un grand succès international, non seulement à cause de la vague vampirique qui reprend du poil de la bête, mais aussi du fait de son écriture très simple, accessible au plus grand nombre. C’est un roman pour adolescents, écrit dans le plus pur style propre à cet âge de la vie. On pourrait presque parler de pré-adolescence dans ce cas, car Darren ne semble pas encore entré dans la puberté. Darren Shan écrit sans fioritures, avec un style direct, sans allusions ou presque. Ce choix d’universalité (à moins que son écriture soit limitée, auquel cas le résultat est le même) lui permet une efficacité redoutable. Le résultat est une histoire pleine de rebondissements (plus que dans le film qui en est tiré, en tous les cas). Parlons un peu de l’histoire à présent… Comme je l’ai dit, on se met dans la peau de l’adolescent, qui est assez insouciant, même s’il est conscient de l’amour de sa famille, de l’affection de ses copains, etc., mais qui n’hésite pas trop avant de se lancer dans l’aventure, bien préparé par ses diverses lectures. Cependant plane sur le roman une impression de prédestination, d’une volonté supérieure qui mène inexorablement Darren à ce spectacle, puis à la rencontre avec le vampire. Il est dommage que son amitié avec Steve ne soit pas montrée de façon plus forte (elle l’est dans le film), car elle va jouer un grand rôle à la fin du roman et dans la suite. Attention quand même, c’est très très ado comme histoire, et il ne faut pas chercher trop de réalisme dans le déroulement ; comment garder, par exemple, son sérieux devant les numéros réalisés par la grosse tarentule Madame Octa ? Pour le reste, sans être un chef-d’oeuvre, ce premier roman de la série des Darren Shan s’avère un assez bon divertissement, extrêmement lisible pour les pré-adolescents et les adolescents ; les plus grands seront peut-être lassés par les réflexions puériles (mais pas infantilisantes, je tiens à le rappeler) du héros.
On n’en apprend pas trop sur les vampires dans ce premier épisode. Cependant deux conversations avec Larten Crepsley nous en révèlent un peu. Ils ne sont pas obligés de tuer pour se nourrir, seulement prélever un peu de sang. Ils ont une grande force, un pouvoir de télékinésie -et peut-être de télépathie- et sont capables de courir très vite. Leurs sens sont décuplés : vue, ouïe… Par contre ce ne sont pas des saigneurs de bazar : l’eau bénite et les croix ne leur font rien, au contraire d’armes plus conventionnelles. Ils sont très difficiles à discerner des humains, car hormis leurs dents effilées et une odeur de sang détectables quand on est très près, rien ne les distingue. Ils vieillissent dix fois plus lentement que les humains ; par contre les semi-vampires vieillissent cinq fois plus lentement que les humains. Ils peuvent sortir le jour, ce qui en fait des auxiliaires de vampires assez recherchés.
NB : La couverture présentée n’est pas la bonne, celle réellement commercialisée étant sur un fond jaunâtre.