Nous retrouvons Darren Shan en compagnie de Larten Crepsley, devenu son mentor malgré la haine qu’il lui inspire. L’adolescent accepte d’intégrer à son tour le Cirque de l’étrange, pour avoir de la compagnie, une certaine sécurité et, il faut bien le dire, Crepsley en a déjà un peu marre de lui… Il va donc apprendre à grandir, à maîtriser ses pouvoirs, à écouter l’appel du sang, mais il va également assister à l’un des épisodes les plus noirs de son existence.
Curieux ce second tome… Il ne se passe quasiment rien pendant presque les trois quarts des 220 pages, et puis presque d’un coup, l’action va à cent à l’heure, pour finir dans un bain de sang… On a un peu l’impression de lire l’histoire d’un ado qui découvre un peu la vie d’adulte, enfin plutôt celle d’un travailleur puisqu’il est employé à accomplir les menues tâches au sein du campement de la troupe de Mr Tall… Il sera même amené à assister Crepsley au cours d’une représentation avec Madame Octa. Darren Shan pose un instant l’aventure à tout va pour s’intéresser à la psychologie de son alter ego de papier, dont la nouvelle condition ne laisse bien évidemment pas de marbre. Au premier rang, son besoin presque constant de sang, sous peine de lentement dépérir. Darren se refuse à prélever le fluide vital sur des humains, de crainte de devenir définitivement un monstre, de bascule du côté obscur de sa nouvelle condition de semi-vampire. Crepsley essaie de l’y inciter, mais rien n’y fait. peut-être une situation extrême l’y amènera-t-elle…
En attendant le garçon fait connaissance avec ses nouveaux compagnons, dont les plus surprenants sont peut-être les Petits Hommes, ces lutins muets et aux visages couturés de cicatrices, qui semblent particulièrement attachés à Mr Tiny, cet homme effrayant qui vient périodiquement rendre visite à la troupe… Sans doute le reverra-t-on par la suite. Peu à peu Darren tisse des liens avec les freaks, il devient ami avec Evra, l’homme-serpent, et découvre que la femme à barbe a bien d’autres qualités… Mais ce qui est le plus intéressant es sa relation avec Crepsley. Il entretient à son égard des sentiments ambivalents ; visiblement attristé par les ennuis que lui attirent ses pouvoirs, il se montre parfois presque tendre, bien qu’essayant de garder ses distances et de ne pas trop s’attacher. C’est pourtant lui qui viendra aider Darren quand il se retrouvera dans une situation fortement compromise à la fin d tome… Mais Darren ne peut s’empêcher de le haïr pour la bestialité que son statut de semi-vampire lui confère, et dont Crepsley est directement responsable.
Je l’ai dit, la première partie est ronronnante, et tout s’accélère vers la fin, même si l’auteur met des balises en amont pour prévenir du drame à venir. La cruauté m’amène d’ailleurs à la réflexion que, contrairement aux recommandations de l’éditeur, cet opus n’est pas à mettre entre les mains d’un enfant de 9 ans, mais qu’il vaudrait mieux attendre encore deux à trois ans pour lui permettre de lire un récit qui bascule dans la noirceur aussi vite. La partie dramatique est tout de même finement amenée, correctement décrite, et conclue de façon efficace, quoique sans réelle surprise. Il fallait qu’on en arrive là pour relancer le récit.
Darren Shan profite de la période de calme pour nous faire découvrir sa vision du vampire (ou du semi-vampire, la différence entre les deux états étant minime). On apprend ainsi que les vampires ont une cosmogonie, sans plus de détails. Il existe un Paradis des vampires, situé au-delà des étoiles. Mais attention, comme dans la mythologie chrétienne, il y existe un enfer ; si un vampire n’a pas été loyal, qu’il a tué pour tuer, il se retrouve enchaîné, condamné à ressasser ses torts jusqu’à la fin des temps tout en errant à la surface de la planète-paradis. Il est possible pour un vampire d’absorber une partie de l’âme et des souvenirs d’une personne ; il suffit pour cela qu’il boive son sang en quantité. Boire le sang d’un ami au seuil de la mort permet de garder ses souvenirs intacts ; c’est une vertu vampirique. Les vampires ne peuvent être photographiés ou filmés, par contre ils laissent une ombre derrière eux et peuvent se voir dans le miroir. Ils ne meurent pas à la lumière du soleil, du moins pas avant quatre ou cinq heures. Darren Shan développe ainsi le background vampirique, et cela se tient à peu près.
Pour finir, c’est une lecture plaisante, qui s’améliore par rapport au premier tome, même si les adolescents restent très enfantins dans leurs comportements. Par contre, petit mauvais point pour l’éditeur, qui donne un titre extrêmement plat à ce tome, ne voulant pas utiliser le titre original -the Vampire’s Assistant- parce qu’il en a fait le second titre de la série. Mais même sans le traduire directement, il y aurait eu d’autres possibilités, par exemple en s’inspirant de l’épisode avec l’homme-loup, ou en jouant sur les questionnements intimes de Darren…