Alors qu’il est condamné à être guillotiné, Éric Marquand est transformé en vampire par Roland, après que celui-ci se soit présenté à lui dans sa cellule. Près de deux siècles après la Révolution, Éric s’est établi aux États-Unis. Il hésite à prendre contact avec Tamara, dont il a autrefois sauvé la vie. Ce qu’il ignore, c’est que la jeune femme est la pupille de Daniel, un agent de la SEP. Cette structure qui appartient aux services secrets est vouée à l’étude – voire à la destruction, de ceux de sa race. Partagé entre la passion qu’il ressent pour Tamara, ses doutes quant au danger qu’il représente pour elle et la menace que la SEP fait peser sur lui, Éric va devoir faire des choix. Tout comme Tamara, qui ne comprend pas le lien psychique qui l’unit au vampire, et dont le sommeil est perturbé depuis des mois.
Les fiancés du crépuscule (Twilight Phantasies) est un ouvrage important dans l’histoire de la romance vampirique. Sorti en 1993 pour la VO, il s’agit d’un des premiers textes clairement estampillés romance à convoquer la figure du vampire. C’est l’un des livres qui inaugure le label Silhouette Shadows de Harlequin. Initialement intitulée Twilight, la série change de nom après le succès de la saga éponyme de Stephenie Meyer, et devient Wings of the Night.
Ce premier tome allie les codes de la romance à ceux du roman ès vampire. S’il a encore quelques éléments gothiques intégrés dans le récit, celui-ci se déroule majoritairement dans un cadre moderne et urbain. La galerie des personnages est relativement mince, avec en figure de proue le duo de protagonistes principaux (le couple au cœur de l’histoire), à savoir Tamara et Éric. De fait, il y a parfois l’impression que le monde se réduit à quelques têtes, dont beaucoup sont des faire-valoir. Romance oblige, tout semble en effet pensé pour faire évoluer la relation entre les deux héros, le tout saupoudré de scènes érotiques. Reste que Maggie Shayne prend le temps de poser les bases d’un univers folklorique qu’elle approfondira au fil des tomes.
Les vampires possèdent ici des caractéristiques assez classiques. Ce sont des créatures de la nuit, qui ne peuvent se déplacer qu’avec difficulté en période diurne. Ils dorment dans des cercueils (même si ce n’est pas une obligation, simplement une commodité), et sont dotés de pouvoirs paranormaux. Ils peuvent ainsi se mouvoir à grande vitesse, disposent d’une force physique surhumaine et des capacités psychiques et sensorielles. Ils craignent par ailleurs le soleil. Pour autant, ils sont insensibles aux symboles religieux comme à l’ail, et si le pieu leur est dangereux, c’est avant tout parce qu’il leur fait perdre du sang. Pour être transformé en vampire, il faut qu’il y ait enfin un échange de sang. À noter que le vampire est ici capable d’avoir des relations sexuelles : la morsure n’est plus uniquement une métaphore de l’acte.
Maggie Shayne, en plus de convoquer ces caractéristiques assez attendues, intègre des éléments de son cru au folklore de ce premier volet. Ainsi seuls les élus, des humains qui descendent de Dracula et possèdent à ce titre un antigène, la Belladone, peuvent devenir des vampires. Cette généalogie leur permet d’établir des liens psychiques avec certains vampires. L’autrice exploite également des idées qui ne me semblent pas avoir été utilisés avant, telle que le recours aux banques de sang pour se fournir en hémoglobine. Enfin, il y a le concept même de la Sep, un organisme chargé de lutter/enquêter sur le surnaturel. On pense bien sûr au Talamasca d’Anne Rice, mais aussi (et surtout) à des structures comme l’Initiative (Buffy contre les vampires).
Si le versant romance de ce premier volet ne m’a pas vraiment accroché, je dois avouer qu’il y a des choses intéressantes (et quelques touches d’humour, par exemple autour de la question du cercueil) concernant le folklore vampirique de la série, qui sont ici mis en place.