Après le décès de nombre de leurs proches, dont celui du shérif Gentry, Saul et Nathalie ont trouvé refuge à Césarée, en Israël. De leur exil, ils planifient minutieusement leur retour sur le territoire américain, rassemblant un nombre impressionnant d’informations sur les détenteurs du Talent. Saul est plus que jamais décidé à détruire Wilhelm von Borchert, le fameux Oberst qui a naguère pris possession de son esprit, durant son emprisonnement dans les camps de la mort. Nathalie, elle, est hantée par la mort de son père et de Bob Gentry, et de tous ceux qui les ont aidé durant leur lutte et qui ont fini manipulé ou détruit par l’Island Club ou par le trio Borchert-Fuller-Drayton.
Un second tome qui poursuit avec une réussite incontestable les évènements du premier tome. L’auteur maîtrise toujours aussi bien sa galerie de personnage aussi riche que variée. On est tour à tour propulsé dans les pas de Saul et Nathalie, de Harrod, de Mélanie Fuller (pour lequel le mode de narration passe à la première personne, plongeant le lecteur dans la paranoïa de la vieille femme). Pas une seule longueur n’est à noter ici, on peut même dire que le suspense croît de page en page, pour aboutir sur un final aussi jouissif que surprenant.
Simmons montre une fois de plus de quoi il est capable, faisant visiter à son lecteur les tréfonds des désirs humains les plus sombres et vicieux, à quelques encablures de la folie la plus profonde. Même les personnages bons ont un soupçon de folie, qui pour certains leur permet de supporter les évènements afin d’accomplir le but qu’ils se sont fixés. Saul Laski, ex-prisonnier des camps de la mort, ayant perdu aussi bien des membres de sa famille que des amis par l’entremise des « vampires » cristallise ainsi toute la violence de l’ouvrage.
Simmons poursuit ici sont portrait d’une race de vampires pour le moins particulière, qui ne se nourrit pas de sang humain mais de la violence qu’ils perpétue en manipulant à loisir les humains. Véritables pions sur un échiquier à taille réelle, ceux-ci sont dès lors à la merci des désirs les plus sombres de leurs manipulateurs. Cette possession est à long terme mortelle pour les victimes, le Talent de Barent, Borchert et des autres rongeant peu à peu l’esprit de l’hôte pour finir par le transformer en un légume incapable de réagir par lui-même.
Par ailleurs, on apprends au cours de ce second tome que le Talent ne se manifeste pas de la même façon, certains pouvant aller jusqu’à conditionner les humains sans posséder constamment sur ceux-ci, voire de prendre à des milliers de kilomètres de distance le contrôle de victimes inconnus d’eux jusqu’alors. Mais pour le reste, les vampire de cet opus ne boivent pas de sang, se déplacent aussi bien le jour que la nuit et n’ont pas d’autres pouvoirs.
Au final cette suite et fin d’un des plus fabuleux diptyques traitant du vampirisme psychique se clôt de manière parfaite, sans aucune fausse note et avec un sens incroyable de la narration. Magistral.