« Pour que l’amour soit éternel, encore faudrait-il que le vampire, Lui, soit véritablement immortel et nous savons tous que ce n’est qu’une illusion des sens. Les sens qui, dés le moyen-âge, et parfois même plus loin et surtout plus haut, étaient devenus synonymes d’obscène. Le vampire représente, exclusivement, l’amour, la haine, le désir, l’assouvissement, la déprédation sensorielle, ce pour quoi l’on tue, celle par qui l’on meurt, ce que l’on voulait le plus au monde et qu’on n’a pas obtenu, ce pour quoi on est prêt à revenir sur terre, quitte à mourir, cette fois, définitivement, puisque les sens, ça brûle … »
La croyance aux vampires serait universelle mais ces derniers seraient localisés très précisément et surtout dans les Balkans, derrière ce rideau de fer que les émules de Dracula n’auraient pas osé traverser au cours des siècles.Rien n’est moins sûr, car la France possède son histoire et ses histoires de vampires que Jacques Sirgent,spécialiste dans la personnification du mal et créateur du musée des vampires, s’apprête à vous dévoiler, à vos risques et périls…
Autant j’avais trouvé assez amusante la lecture du Tombeau de Drakula de Jacques Sirgent mais n’avais été que moyennement convaincu par son livre des vampires, dont le style un peu chaotique ne m’avait pas permis d’apprécier outre mesure les thèses de l’auteur. C’est donc avec une certaine crainte que j’ai entamé la lecture du Vampire en France, attiré par la promesse d’y voir enfin reliés les superstitions et folklore de notre pays avec la créature que j’affectionne tant. Si j’ai vite retrouvé le style de l’auteur, le livre est à mon sens mieux construit et moins rébarbatif que le précédent. L’auteur fait preuve d’une érudition assez intéressante, analysant à travers l’évolution de la société française (depuis les Gaulois jusqu’au XVIIIe) la place du vampire à travers les époques.
L’ensemble est donc assez réussi, même si les liens entre les exemples pris et le mythe du vampire sont parfois assez ténus. Le vampire n’a certes pas eu, en France, de cas semblables à ceux qui ont fait les beaux jours des ouvrages de Ranft ou Calmet. Jacques Sirgent a donc choisi de passer au crible les affaires de sorcellerie ou les cas judiciaires dont il a trouvé la trace dans les écrits de certains des chasseurs de sorcières de la grande époque. Je m’attendais par contre à le voir aborder le cas de la comtesse de Deux-forts.
En tout cas, même si je ne suis toujours pas pleinement convaincu par le style de l’auteur, force est de constater que celui-ci propose ici au lecteur un intéressant retour sur les liaisons entretenues entre le folklore et la société française et le vampirisme. En annexe, les amateurs trouveront également une bibliographie sélective (dommage cependant de ne pas avoir donné les références exactes des livres, notamment les éditions des différents ouvrages), ainsi qu’une filmographie franco-française (liste assez rare pour mériter d’être signalée ici).