1974. Pearl Jones a pris la tête de ce qui reste des Vassaux de Vénus, bien décidée à stopper l’avancée du Marchand Gris. Pendant ce temps, Skinner Sweet, redevenu humain, tente à sa façon de s’habituer à sa nouvelle condition. Alors qu’un tueur particulièrement vicieux semble s’attaquer aux plus anciens Vassaux, leur dirigeante doit néanmoins faire appel à son créateur. Une piste qui pourrait les mener au Conseil des Anciens se trouverait dans un train qui doit prochainement traverser les États-Unis.
Cinq ans ont été nécessaires à Scott Snyder et Rafael Albuquerque pour poursuivre American Vampire. La série, qui réinvente le mythe du vampire avec en toile de fond l’Histoire des États-Unis, s’était arrêtée au milieu des années 1950, alors que les protagonistes devaient faire face au Marchand gris. Elle reprend quasiment vingt ans après, alors que la situation est toujours des plus explosives. Les Vassaux sont parvenus à sécuriser l’Iskakku, cette arme antédiluvienne censée être le dernier rempart contre le mal absolu. Mais leur existence ne tient plus qu’à un fil, tandis que Skinner Sweet, devenu humain après avoir été corrompu par Le Marchand Gris, n’aspire qu’à retrouver son immortalité.
La série mix à nouveau avec brio les ambiances. Il y a des les premières planches autant un hommage à la blaxploitation qu’au Blade de Stephen Norrington. Et un retour, du moins pour Skinner Sweet, à l’ambiance western qui imprégnait les flashback des premiers arcs. C’est aussi un avant-dernier tome qui verra certains des protagonistes qu’on pensait disparus de l’intrigue revenir au premier plan. Matière à donner plus de corps à la lignée des vampires américains. C’est enfin l’occasion pour le scénariste de lever le voile sur l’un des derniers mystères de la série, à savoir le Conseil des Anciens et leurs liens à l’humanité.
Rafael Albuquerque revient très en forme dans ce nouvel opus. Avec David McCaig à la couleur, le dessinateur fait une fois de plus évoluer sa palette pour doter la trame d’un vernis très seventees. Mais il n’en néglige pas pour autant son travail sur les différentes espèces de vampires, dont certaines font pour la première fois leur apparition. Réaliste, dynamique, très cinématographique dans son approche, son trait fait à nouveau des merveilles. Scott Snyder a su transformer l’essai côté scénario, en proposant un retour aux sources du vampire et en même temps un parcours historique des États-Unis. Mais sans Albuquerque, l’ensemble n’aurait pas cette cohérence graphique ni cette énergie.
Fin de série oblige, le duo lève le voile sur les derniers secrets de l’univers vampirique élaboré depuis 2010. On découvrira ici la teneur même du conseil des vampires, qui permet de cerner un peu plus ce qui rapproche les différentes espèces de vampires entre elles. Le conseil et son histoire montrent également l’existence d’un lien fort entre les vampires – au sens large – et le territoire américain. Enfin, un personnage dont la présence était jusque-là circonscrite à Legacy – Dracula pour le nommer – fait son apparition, à la fois en tant qu’ennemi des Vassaux et potentiel allié du Marchand Gris. Pour le reste, la trame continue de jouer sur les différences entre les espèces, notamment au niveau de la manière d’en venir à bout.
Un neuvième opus de très bonne facture, qui parvient sans failles à se raccrocher aux tomes précédents et à prendre la direction d’un final qu’on sait déjà plein de promesses.