Syldia est l’incarnation terrestre de Famine, l’un des quatre Cavaliers de l’Apocalypse. Avec ses trois soeurs, qui représentent Guerre, Mort et Pestilence, elle essaie depuis six cents ans de s’intégrer à la vie terrestre. De nos jours c’est à Toronto, au Canada, qu’elles vivent. Le goût de Syldia pour le combat et sa robustesse au-dessus de la moyenne l’ont amenée à embrasser la carrière de garde du corps, en particulier au sein des milieux surnaturels (vampires, sorciers, loups-garous…). Mais une romance qui s’est mal terminée fait le malheur de Syldia, son amant éconduit, sorcier de son état, l’ayant condamnée à vivre ses journées sous l’apparence d’un enfant, jusqu’au jour de ses 18 ans, avant de recommencer un nouveau cycle de 18 années.
Aujourd’hui, alors qu’elle habite l’enveloppe de la frêle Samantha, 16 ans, son versant nocturne est appelé à assurer la protection du grand chef des sorciers, le temps que celui-ci négocie la paix avec les clans de vampires, leurs ennemis séculaires. Une semaine pendant laquelle la vie de Syldia va basculer…
Les vampires ne sont pas les personnages principaux de cette nouvelle série de Stéphane Soutoul, qui s’est déjà illustré dans le passé avec ces personnages. Ici, ce sont les sorciers qui tiennent le haut du pavé, avec leurs cinq classes que l’auteur s’efforce de bien délimiter. Mais Syldia a des caractéristiques assez proches, ce qui fait que nombre de ceux qui la rencontrent la confondent avec les prédateurs nocturnes ; elle peut ôter la vie et l’âme par le biais d’une morsure ; son besoin en sang est réel, même si elle peut se réfréner, ou l’étancher en n’attaquant que des criminels ; sa vision nocturne et sa force au-dessus de la moyenne en font une vampire présomptive… Il y a toutefois quelques éléments relatifs aux -vrais- vampires : regroupés en neuf clans correspondant à des fonctions et des looks bien précis, ils prélèvent le sang de façon classique, en mordant leurs victimes, un rituel qui accompagne toujours les rapports sexuels. On peut tuer les nocturnes avec une balle en argent dans la tête, une sentence qui les réduit en cendres en quelques secondes. Il existe une autre catégorie de vampires ; à peine contaminés, ils n’ont pas de volonté, peuvent être manipulés par celui qui les a mordus. Ils sont peu puissants, mais peuvent se révéler dangereux en meute. Enfin la condition de goule semble être une sorte d’état larvaire à celui de vampire, mais l’auteur n’a que peu développé ses caractéristiques dans ce premier roman.
Sur le plan de l’écriture, Stéphane Soutoul a franchi un palier. Exit la préciosité à la fois romantique et victorienne du Cycle des âmes déchues, nous avons là un style plus dynamique et direct, en prise avec l’ambiance moderne de sa nouvelle série, sans verser dans le high tech ou le langage djeuns, par exemple. Les chapitres alternent entre les deux versants de Syldia, avec la mention du nom en tête de chapitre. Un soin tout particulier est apporté à ces deux personnages féminins, miroir l’un de l’autre, dont les vies, jusqu’alors strictement compartimentées, vont se contaminer l’une l’autre. Attention toutefois à certains aspects « bit-lit » qui peuvent agacer le lecteur qui espère ne pas en trouver : une tendance à trouver tous les personnages masculins top canon, que l’on soit une adolescente aux hormones en ébullition, ou un être semi-divin (ou démoniaque) vieux de plusieurs siècles, et que ces personnages soient bienveillants ou malveillants.
Une nouvelle série prometteuse. Ces Anges d’apocalypse promettent de belles heures de lecture.