L’avenir appartient aux vampires ! Telle est la stupéfiante révélation qu’un soir de 1895, à Londres, le professeur Copplestone, de retour d’une série de voyages de plus en plus lointains dans le temps, assène à un cercle choisi d’amis. Parmi eux : H.G. Wells, un jeune écrivain en passe de publier son propre récit des aventures d’un voyageur temporel, deux savants bien connus, le médecin personnel de Copplestone accompagné d’un certain « Grand Détective », et Oscar Wilde, qui a entraîné avec lui une vieille connaissance : le Comte Lugard. Monsieur le Comte est naturellement fort intéressé. Le monde décrit par le professeur est fait pour lui ! Et la drogue permettant d’aller dans le futur, de connaître « l’extase des vampires », il la lui faut ! Même si le Grand Détective veille au grain…
Avec ce roman vampirique, Stableford marie avec une certaine maîtrise SF et fantastique. Son récit est un très bon exercice de style dans la lignée de la machine à explorer le temps de H. G. Wells (on est à deux doigts d’une réécriture, certes très personnelle), qui devient même protagoniste du récit, aux côtés de Wilde, du Dr Watson et d’un mystérieux comte Lugard. Il faut cependant aimer la SF à la Wells, Huxley et j’en passe, son côté délicieusement désuet, son style un peu daté, et son regard noir sur notre futur. Mais l’auteur s’en sort bien, propose des personnages intéressants, qu’il présente un à un dans une postface pour le moins intéressante.
Le mythe du vampire est traité de manière originale dans cet opus. Les vampires sont présentés comme une race parallèle à la nôtre, qui aurait vécu dans l’ombre jusqu’à ce que l’espèce humaine finisse par s’auto-détruire. Ils prennent à partir de ce moment-là la main sur notre destinée, en asservissant notre race et en se nourrissant des humains comme du bétail. On est loin des buveurs de sang du roman de Stoker, mais eux-mêmes (les vampires de l’histoire) donnent des explications sur ces vielles légendes, en les mettant en porte-à-faux avec leurs habiletés (métamorphes, ayant de grandes capacités de régénérations). Dans ce roman, les vampires deviennent ainsi des seigneurs qui vont prendre le dessus sur l’homme.
Le roman de Stableford distille ainsi de manière intelligente le mythe du vampire sous les auspices de la SF. On apprécie ou pas l’aspect un peu désuet du style utilisé, qui rappelle les classiques du genre, mais Stableford a le mérite de proposer ici une relecture intéressante du mythe, jusqu’à en imaginer le futur.