Né aux alentours de 1631 à Sighișoara, Vlad est le deuxième fils de Vlad Dracul, un boyard dont le frère est monté sur le trône de Valachie. Son père finit par accéder au pouvoir, et Vlad et son jeune frère Radu sont envoyés au sultan en otage. Quelques années plus tard, après que son père Vlad II et son aîné Mircea aient été exécutés, le sultan propose à Vlad de reprendre le trône de Valachie en son nom. C’est le début d’un règne chaotique que l’histoire mettra ultérieurement sous le signe du pal.
Vouloir concilier vérité historique et humour, voilà un projet pour le moins ambitieux. Comment respecter la chronologie, être complet au niveau des dates et événements… tout en intégrant une dimension humoristique à un ensemble parfois pesant. C’est le scénariste Bernard Swysen, connu pour être aussi le dessinateur de la série Rouletabille) qui, à la tête de la collection Les Méchants de l’Histoire, a relevé le défi, confiant ce premier tome consacré à Dracula à Julien Solé, dessinateur bien connu des lecteurs de Fluide Glacial.
Si la préface de Mattei Cazacu pose d’emblée le ton concernant le respect de l’Histoire, elle n’en relève pas moins l’humour du projet, qui s’impose dès la première case, dans les répliques des personnages. Naviguant dans la vie (qui se mélange autant avec le mythe qu’avec la désinformation dont a été victime Vlad durant la deuxième partie de sa vie) de Vlad III (et non II comme le met en avant la couverture, seule faute marquante relevée dans l’album), Bernard Swysen propose une vision relativement complète de celle-ci en évitant pour autant la surenchère de dates. L’humour donne une touche très bien vue à l’ensemble, entre calembours, réparties cinglantes des personnages… sans pour autant passer à côté de certains sujets (la relation entre Radu et le Sultan).
Le dessin de Julien Solé fleure bon l’influence Fluide Glacial, magazine pour lequel il officie régulièrement. Une patte graphique qui appuie comme il faut le mélange de sérieux et de dérision de l’album, rehaussée par les couleurs de Benoît Bekaert. Solé respecte pour autant graphiquement ce qu’on sait de l’apparence des différents protagonistes comme de leurs tenues.
On est loin ici du Dracula de Bram Stoker (même s’il y est fait mention en fin d’ouvrage, dans un petit dossier fort bien venu). L’album se consacre exclusivement à la figure du Dracula historique, ses démêlés avec les Turcs, avec les Boyards, avec les Hongrois… L’aval de Mattei Cazacu en ouverture de l’album, que les deux auteurs ont approché, n’est pas anodin, tant son Dracula (paru chez Tallandier) est une somme de connaissance rare sur l’histoire du personnage sur lequel se sont nécessairement basés les deux auteurs.
Un album casse-gueule, tant vouloir respecter l’Histoire et la mâtiner d’humour n’est pas un exercice évident. Pour ce premier volet de sa collection Les Méchants de l’Histoire, Bernard Swysen s’en sort haut la main, habilement secondé par un Julien Solé qui s’en donne à coeur joie avec les forêts de pal. Savoureux !