Jabirah se réveille brusquement dans une cave, sans un souvenir de la manière dont elle est arrivée là, un linge coincé au fond de la gorge. Alors qu’elle parvient non sans mal à se débarrasser de celui-ci, une jeune femme, Muriel, la rejoint. Elle se présente comme une engeôleuse, dont les pouvoirs ont pour finalité de maintenir le statu quo entre les ombres et les humains. Jabirah apprend de sa bouche qu’elle est désormais une mâchonneuse de linceul, un nouveau-né vampire qui doit ingérer chaque parcelle de son linceul, si elle veut espérer survivre… et devenir une vraie vampire.
Si nous avions déjà eu l’occasion d’annoncer des feuilletons numériques des éditions du Petit Caveau sur Vampirisme.com, Cinq pas sous terre de Vanessa Terral est le premier dont la version papier finit par se retrouver chroniqué sur Vampirisme.com. Il était en effet grand temps de jeter plus qu’un œil à une des séries primo-numériques de la maison la plus vampirique de l’édition française. D’autant que la 4e de couverture mentionne un avis positif de Jean Marigny.
Si l’intrigue se cristallise autour de deux personnages principaux, c’est bien Jabirah, la vampire en devenir, qui prend le devant de la scène sur la majeure partie des chapitres. Un personnage plutôt intéressant, qui donne l’impression sur une partie de l’ouvrage qu’on est face à un texte Young-Adult (même si au moins un passage finira par rompre cette impression), l’auteur se permettant d’aborder par son entremise la question de l’homosexualité (d’une manière qui rappelle Le Miroir aux vampires de Fabien Clavel, même si la relation entre Jabirah et Muriel ne sera pas aussi développée).
Autre point positif, l’auteur choisit de faire de Toulouse le cœur de son intrigue. Puisant dans certains épisodes historiques de la ville (et ses lieux emblématiques), Vanessa Terral choisit à son tour de rompre avec le vampire urbain anglo-saxon, choisissant d’ancrer son histoire dans la ville où elle réside. Un choix risqué mais qui se marie au final assez bien avec l’univers mis en scène, et la mythologie à laquelle l’auteur donne vie au fil des pages.
Côté vampirique, il y a pas mal de choses à se mettre sous la dent. Les vampires naissent ici mâcheurs de linceuls (ce qui renvoit aux premiers textes sur le sujet, avant que la fiction ne s’empare des bêtes à crocs), ne devenant vraiment vampires qu’après ingestion de leur drap mortuaire. Ce sont des esprits à part, en cela qu’ils conservent leur corps post mortem, même s’ils s’affranchissent par ailleurs des besoins humains. Ils doivent cependant dès lors s’abreuver de sang chaud afin de conserver l’intégrité de leur corps (et d’assurer leur subsistance). Le soleil semble enfin un ennemi de taille pour eux. Si on apprend peu de choses sur le fonctionnement de la société vampirique, la deuxième partie de l’ouvrage tend à mettre en exergue l’existence de communautés structurées de vampires.
Un roman bien pensé, qui montre que l’auteur a une bonne connaissance du thème vampirique tout en parvenant à remodeler à sa manière ces éléments, d’autant que la part vampirique n’est pas le seul élément surnaturel en action dans le récit. Une plutôt bonne surprise au final, même si les deux parties ne sont pas toujours très équilibrées (la première est autrement plus accrocheuse à mon goût).