En 1796, Napoléon a été promu général et envoyé en Italie, où il combat les armées autrichiennes. Un peu plus à l’est, Dracula demande au comte Bogdan la main de sa fille, mais ce dernier, conscient des ténèbres qui entourent Dracula, refuse. Découvrant que sa progéniture a déjà été mordue par le vampire, Bogdan prend la tête d’un petit groupe, décidé à en finir avec le vampire. Pendant ce temps, tandis que les armées françaises se livrent à des exactions dans un village, les soldats font face à un être de taille et de force démesurées. La créature de Frankenstein, puisque c’est elle, est pourtant stoppée par un des homme, doué de capacités surnaturelles. Il fait alors face au Comte de Saint-Germain, qui entend bien le forcer à affronter Dracula, dont il a besoin pour assurer son immortalité.
The Frankenstein / Dracula War voit une fois de plus Roy Thomas s’intéresser au personnage de Dracula. Il a ainsi adapté le roman de Bram Stoker (même s’il ne terminera ce projet que 10 ans plus tard) et travaillé sur la version comics du film de Coppola aux côtés de Mike Mignola. Ici, il s’allie à Jean-Marc Lofficier pour imaginer le face-à-face entre deux figures de proue de la fiction gothique : Frankenstein et Dracula. La partie graphique est confiée à Claude St Aubin, qui a fait ses débuts dans les années 1990, et a officié sur des titres comme Green Lantern, Star Trek, The Victorian ou encore R.E.B.E.L.S. Les couvertures sont l’œuvre de Mike Mignola.
Le récit de Thomas et Lofficier se déroule un an avant la sortie du roman Dracula. De fait, si le vampire est un des personnages centraux, il n’y a aucun lien avec le livre et ses protagonistes. Les auteurs imaginent ici la lutte entre deux figures d’immortels solitaires, alors qu’un conflit armé grande ampleur déchire l’Europe. Si la guerre est pour partie responsable de la rencontre entre Dracula et Frankenstein, elle finit par s’effacer devant leur relation. L’intérêt de l’histoire est de montrer les deux créatures contraintes malgré elles de s’affronter, avant de s’allier pour régler leur problème commun. Mais l’entente qui naît entre eux est fragile, et les instincts et faiblesses de l’un et de l’autre n’attendent qu’une étincelle pour reprendre le dessus.
Le dessin de Claude St Aubin est de bonne facture. Il réinterprète à sa façon Dracula, les traits du personnage ne lorgnant ni vers Gary Oldman, ni vers Bela Lugosi ou Christopher Lee. Pour ce qui est de la Créature, en revanche, il y a une filiation avec son incarnation par Lee. Graphiquement, il y a de nombreuses idées au fil de l’histoire, un dynamisme certain au niveau des cases et de leur découpage. Seule la mise en couleur, un peu pataude et criarde, pêche.
Dracula possède les caractéristiques habituelles du comte. Il peut se mouvoir en journée, même si ses forces sont amoindries. Il a la capacité de se transformer en chauve-souris et en brume, et doit reposer dans sa terre natale. Les auteurs jouent également du lien avec le personnage historique (sans doute une influence du Coppola) : leur Dracula est un habitué du supplice du pal. Il y a enfin chez Dracula un besoin de s’entourer, d’engendrer une compagne à son image. Ce qui renvoie aussi à la Créature de Frankenstein, dont c’est une obsession.
Une minisérie intéressante qui voit la confrontation des deux plus grandes figures de la fiction gothique. Une histoire en phase avec ce qu’est Dracula dans la production des années 1990, et en même temps l’idée d’un combat entre deux créatures dont les ressemblances sont nombreuses. La série se compose de trois numéros qui n’ont jamais été édité en recueil.