Tynion IV, James – Simmonds, Martin. Universal Monsters Dracula

Depuis peu, le Dr Jack Seward accueille l’étrange Renfield parmi les patients de son institution médicale. Le malade est le seul survivant retrouvé dans les cales d’un navire qui s’est échoué sur le rivage. Ses discours sont exaltés, et témoignent de son obsession pour le sang, et le pouvoir que renferme celui-ci. Mina, la fille de Seward, et sa meilleure amie Lucy sont intriguées par le personnage, tout comme John Harker, le fiancé de Mina. Au club où se rend régulièrement ce dernier, un des habitués paraît lui aussi intéressé par le mystérieux patient : le Professeur Van Helsing.

Universal Monsters Dracula est la première livraison d’un projet joint entre Skybound Entertainment (fondée par Robert Kirkman et Tony Alpert, et donc en charge de la licence The Walking Dead), Image Comics et Universal Studio. Le scénariste, James Tynion IV, n’est pas un nouveau venu dans le milieu. Il a beaucoup officié chez DC Comics, notamment pour le Bat-verse, mais on trouve également son nom derrière DC vs Vampires. On lui doit aussi des séries indépendantes pour Boom Studio, comme The Wooods (2014-2017), Something Is Killing the Children (2019) et The House of Slaughter (2021). Martin Simmons est un de ses collaborateurs réguliers, avec lequel il a créé The Department of Truth (2020). Tynion IV a ainsi une certaine habitude des ambiances gothiques, et le duo aime flirter avec le fantastique et l’horreur. Un choix intéressant, donc, pour une adaptation de Dracula. Universal étant à la manœuvre, c’est ici le Dracula de Tod Browning (1931) qui sert de point de départ aux deux artistes.

La lecture de cette mini-série montre d’emblée la source principale des auteurs, à savoir le long-métrage avec Bela Lugosi. Martin Simmons paraît calquer les visages des protagonistes sur ceux des acteurs du film, et on retrouve la galerie de personnage — sensiblement différente de celle du roman — proposée dans ce long-métrage. Pour autant, le comics ne se refuse pas des coupes franches vis-à-vis de son matériau original. Le voyage en Transylvanie disparaît ainsi, l’histoire débutant par une scène avec Renfield, une figure à n’en pas douter centrale dans cette adaptation. Le récit profite également du statut de médecin de John Seward pour opposer celui-ci à Van Helsing, médecin plus ouvert à l’inexplicable. Et il y a une idée intéressante, à voir Seward s’échiner à traiter le mal propagé par le vampire par la transfusion. La narration n’est pas exempte d’ellipses, qui permettent aux auteurs d’évacuer certaines scènes pour se concentrer sur celles qui ont retenu leur attention (particulièrement celles où Renfield est à l’honneur). La mort de Lucy est ainsi raccourcie, et paraît se dérouler en interlude entre deux opus. En dépit de ces remaniements, Tinyon IV respecte l’esprit du roman : à aucun moment Dracula ne prend la parole (même si des échanges avec lui sont suggérés hors champ). Un bon moyen de s’approprier l’un des effets les plus marquants de la structure originale du texte : l’absence d’intervention orale directe du vampire.

Graphiquement les illustrations de Martin Simmonds sont une des grosses valeurs ajoutées de cette adaptation. Son dessin à l’aquarelle est au croisement des styles de Jon J. Muth et de Kent Williams. De quoi conférer une ambiance onirique au récit, tout en jouant sur les couleurs, le rouge crevant les pages. Son approche lui permet en outre de faire se fondre Dracula dans les planches, matière à montrer comment le comte étend son emprise sur la galerie de personnage. Le travail effectué sur Renfield est à ce titre assez remarquable. Le protagoniste tient autant de L’homme qui Rit (dans son incarnation par Conrad Veidt) que d’une sorte de présence fantomatique, et irradie d’un blanc lumineux. Mais il est dans le même temps à l’affût de la vermine, et du sang de cette dernière.

On est ici en présence d’une adaptation du film de Tod Browning : il n’y a donc pas vraiment de nouveautés concernant les caractéristiques vampiriques. On peut par contre souligner un effet d’opposition entre Dracula qui ponctionne le sang de ses victimes, face à Seward qui essaie — sans succès — de lutter en tentant de les transfuser.

Une relecture très réussie du long-métrage de 1931, Tinyon IV s’évertuant à coller au plus près de celui-ci tout en proposant une vision originale de ce qui s’y passe. Les modifications sont somme toute maigres, le scénariste paraissant surtout investir les blancs du récit pour apporter du nouveau à ce dernier. Associés aux coupes de certaines scènes, l’histoire finale apparaît à la fois fidèle et différente. Et mets particulièrement en lumière le personnage de Renfield.

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