Dans l’esprit des récits de l’éditeur EC Comics, le duo Trillo/Risso propose à travers ce recueil onze histoires qui oscillent entre thriller, surnaturel et macabre, saupoudré d’une bonne touche d’humour noir. Onze intrigues qui jouent avec des thèmes comme la pègre, les créatures fantastiques ou encore le sadisme et ne manquent pas d’inventivité pour retourner la situation de manière inattendue.
Carlos Trillo et Eduardo Risso ne sont pas des inconnus pour l’amateur de vampires. On leur doit à ce sujet plusieurs recueils et séries mémorables, à commencer par Je suis un vampire, Le cri du vampire, voire Cybersix, qui flirtait avec la figure du buveur de sang. Ce recueil présente des récits courts qui fleurent bon l’influence de magazines comme Tales from the Crypt, avec leur mélange de fantastique et d’humour (très noir), assez habiles dans leurs détournements des poncifs. Des histoires de quelques pages (157 divisées en onze trames indépendantes) qui mettent en scène des personnages tour à tour sadiques, désespérés, violents, voire pervers, sans pour autant oublier de les malmener. Pour les amateurs de ce que proposait en son temps l’éditeur EC Comics, c’est de la bonne ouvrage, incisif et nerveux.
Pour ce qui est du dessin, ceux qui connaissent déjà le travail de Risso ne seront pas dépaysés. Ses encrages se reconnaissent entre mille, de fait on ne sera pas surpris que ce soit son nom qui est mis en avant par l’éditeur (celui de Trillo n’apparaît pas en couverture). Son style amplifie la noirceur de l’ensemble, notamment dans le jeu sur les ombrages, les clairs-obscurs et la mise en scène, qui lorgne vers le film noir.
En ce qui concerne les vampires, il n’y a que deux récits sur l’ensemble qui se penchent sur la figure du buveur de sang. La premier des deux histoires en question, intitulée chapitre 6, met en scène un personnage déguisé en momie qui s’invite à une fête le soir d’Halloween. Il laissera une marque indélébile dans la soirée, mais pas forcément de la manière dont on l’attendrait. Le deuxième récit, situé au chapitre 11, s’articule autour d’un couple que tout semble opposer. Lui se présente comme une brute épaisse, pas intellectuel pour un sou et mal éduqué, elle est une sculpturale blonde aussi belle qu’intelligente. Le face à face entre deux créatures surnaturelles sous un angle assez inattendu.
Un recueil efficace, qui propose des histoires à la mesure de son inspiration (les magazines horrifiques des années 50). Et une fois de plus, le duo Trillo/Risso s’en sort de très belle manière.