La patine du temps a beau se déposer sur la mémoire collective, il est certaines légendes qu’elle ne parvient pas à ternir. C’est le cas de celle de Lancelot, ce chevalier de la cour d’Arthur dont on pourrait penser qu’il n’y a plus rien à en dire. Et pourtant, derrière son apparente simplicité, Lancelot a encore beaucoup à prouver, à lui-même comme aux amoureux des Chevaliers de la Table Ronde. Son enfance, son adolescence mouvementée régie par la Dame du Lac, ses aventures ténébreuses qui l’entraînent jusque dans les antres de vampires et de dragons, les épreuves périlleuses et méconnues qu’il doit passer, ses retrouvailles avec Gauvain, l’ami de toujours, la naissance de son fils Galaad, tout cela nécessitait qu’un éclairage nouveau passât par la voix d’un barde nouveau, qui nous entraînerait à la suite du Chevalier, peut-être jusqu’en Avalon, peut-être même jusqu’au Graal…
Etrange que ces hasards qui me font régulièrement tomber sur une nouvelle liée au mythe du vampire, dans un recueil que je lisais justement pour prendre un peu de distance avec le sujet. Pour le coup, vu qu’il s’agit d’un recueil signé Estelle Valls de Gomis, j’aurai peut-être pu m’attendre à une telle rencontre, l’auteur ayant une forte attirance pour tout ce qui possède des canines de plus de 2 centimètres.
Les amateurs de la matière de Bretagne l’auront compris au titre, Lancelot ou le chevalier trouble met en scène le père de Galaad et amant de Guenièvre dans certaines de ses aventures, qu’il soit en quête du Graal ou cherche tout simplement à s’éloigner de la reine. Estelle Valls semble connaître son sujet, et parvient sans mal à poser une ambiance de roman courtois fidèle à l’esprit original.
On retrouve donc avec plaisir Arthur, Merlin, Morgane, Viviane, Gauvain, Perceval et Galaad dans cette fresque qui s’articule malgré tout autour du chevalier dont la bravoure n’a d’égale que les doutes qui l’assaillent. On se prend rapidement au jeu de l’auteur et à cet hommage de qualité, qui nous permet de voyager à travers la matière de Bretagne.
C’est lors d’une des quêtes à laquelle participe Gauvain et Lancelot que les deux chevaliers vont être confronté au mythe du vampire. De nombreuses disparitions de jeune femme vont en effet les mettre face à face avec une créature maudite, qui craint l’eau bénite et les crucifix. Avide de sang vierge, la solitude qui est l’apanage de ces vampires les poussent à transformer leurs victimes en de nouveaux vampires.
J’avais déjà apprécié la manière dont Estelle Valls de Gomis se jouait des références et mélangeait mythe du vampire et mythologie grecques. La petite incursion vampirique que propose ce bien sympathique recueil est du même acabit. Les amateurs du roman de chevalerie apprécieront également de retrouver les personnages de la quête du Graal.
Je l’ai lu il y a quelques maintenant… mais j’avais beaucoup aimé retrouver les légendes arthuriennes (et leur adaptation). En tout cas, la plume est très belle et on a le même plaisir à la lecture de chacun de ses écrits.
P.S.: des dents de plus de deux centimètres, ça fait beaucoup 😀