Wolfgang Bloodpint et Manfred Gladstone sont les Gentlemen de l’Etrange. Respectivement érudit aux pouvoirs mystérieux et docteur en psychiatrie, ils entraînent leurs comparses, la jeune gouvernante Mademoiselle Wilhelmine, Gustock Mespin de Scotland Yard, Ernest le souriceau parlant et la chienne labrador Dita, dans une aventure mouvementée en Roumanie – terre de légendes fantastiques s’il en fut – chez le vampire Arpad Nocturnaeru. Wolfgang entreprend aussi un voyage introspectif durant lequel il va tenter de découvrir ce qu’il est vraiment. Il semble, en effet, qu’en cette fin d’époque victorienne, Londres soit devenu trop étroit pour Manfred, Wolfgang et Mademoiselle Wilhelmine.
Je ne vais pas m’en cacher : j’apprécie au plus haut point la plume d’Estelle Valls de Gomis. Découverte il y a de nombreuses années à travers ses anthologie, déjà chez Oxymore, puis chez Le calepin jaune et chez Glyphe, j’ai d’emblée été attiré par l’intérêt de l’auteur pour le thème du vampire, un thème avec lequel elle joue constamment dans ses oeuvres. Le premier opus des Gentlemen de l’étrange, qui proposait une ambiance XIXe pas très éloignée d’un Doyle, en y ajoutant une touche fantastique savoureuse (un peu à l’image de ses détectives de l’étrange qui firent leur apparition à la même époque)., m’avait a cet égard fait une très bonne impression.
Voici donc le second tome entre mes mains, un tome édité par les Editions Sombres Rets, qui se pare d’une couverture signée de la main de l’auteur. Si en général j’apprécie son travail graphique, je suis moins convaincu par ce visuel, le style graphique de la couverture du tome 1 m’ayant davantage accroché. Reste le contenu, et là il faut avouer que c’est assez réussi. Si je suis certes un peu frustré par la taille de ce deuxième opus, la plume d’Estelle Valls est à nouveau bien présente, et nous replonge avec merveille dans le quotidien de ce petit groupe original. Un petit groupe qui va s’atteler à débusquer un mal ancien qui ronge la province où réside de zburator Arpad Nocturnaeru, avant de devoir subir un certain remaniement interne. Les personnages ont beau cohabiter ensemble depuis des années, leurs relations sont loin d’être simple, et vont ici être mise à rude épreuve.
Les personnages, du plus normal (Manfred) au plus incongru (Ernest le souriceau géant) sont tous de la partie, dans une ambiance qui est certes différente (ils ont quitté le confort de la ville pour celui de la campagne roumaine) mais l’esprit du premier tome est bien présent, et la touche de mystère autour de Wolfgang, qui va ici se révéler à sa juste mesure, n’y étant pas pour rien. La seconde partie est également intéressante, dans le sens où elle permet de ce concentrer autour d’un des personnages (Wolfgang), en proposant qui plus est de déplacer l’intrigue dans un ailleurs… assez surprenant.
Etselle Valls de Gomis va ici approfondir l’aspect vampirique de sa série. On découvre ainsi que si Arpad est un vampire un peu particulier (un zburator, une créature qui épuise ses victimes en les embrassant), les héros vont ici affronter des proto-vampire, bien plus proche dans l’esprit des vampires du XVIIIe siècle. Des créatures repoussantes, sans âme, qui tombent dans une sorte de catalepsie la journée et ne se déplacent réellement que la nuit venue. Ils semblent pouvoir être détruit si on les décapite, et si les corps sont brulés par la suite. A noter qu’une autre espèce de vampire, capable de commander aux animaux et de se transformer sera également présente dans le récit.
Si j’ai apprécié comment Estelle Valls de Gomis joue avec les différentes représentations du vampire, la seconde partie m’a un tantinet moins convaincue. Il n’en reste pas moins que cette nouvelle production signée Estelle Valls de Gomis est hautement recommandable, l’auteur ayant à la fois une plume maîtrisée, et des idées dont elle sait tirer parti, le tout dans des univers qui sont ceux que j’affectionne particulièrement (l’époque victorienne, les détectives de l’étrange,…).
Reçu récemment en cadeau, j’ai relu le premier tome pour mieux profiter de ce diptyque. C’est avec plaisir que j’ai retrouvé la petite équipe de Belgravia. Que ce soit Wolfgang ou même Arpad. Je ressors un peu frustrée de ce second roman tant il m’est apparu court. Il n’empêche que j’apprécie grandement la plume de l’autrice et je suis triste qu’elle n’écrive plus.