Suite à un accident, les médecins découvrent que Michael Slade possède un troisième œil, jusque-là dissimulé sous son front. Ce nouvel œil influe d’emblée sur sa vision et l’oblige dès lors à suivre une rééducation oculaire. C’est à la faveur d’un de ces exercices qu’il se voit révéler un autre plan d’existence, lequel devient bientôt le cœur de ses obsessions. Mais qui est la mystérieuse Leear, laquelle semble particulièrement soucieuse de le voir prendre pied dans cette autre réalité ?
Je connaissais jusque-là davantage A.E. Van Vogt pour sa saga du Cycle du Ā. Un ami auteur/éditeur a donc eu la bonne idée d’attirer mon attention sur ce roman qui offre une perspective assez intéressante d’exploration d’un univers parallèle. Car c’est quand il se voit affublé d’un troisième œil que de nouvelles perspectives sont offertes à Michael Slade, qui découvre dès lors un autre plan, et les différentes factions qui composent celui-ci. Slade découvre au fur et à mesure les habitants de Naze, dont une partie a sombré dans l’addiction au sang, les Troglodytes, qui ont acquis des capacités hors du commun basées sur la relaxation, et pénètre peu à peu les rouages du duel que se livrent Leear et Geean.
L’auteur choisit d’entrecouper son texte d’extraits et témoignages de personnes qui ont connu Michael Slade. Ce qui lui permet de jouer avec le lecteur, qui en vient rapidement à s’interroger : Slade est-il devenu fou où n’a-t-il tout simplement pas été compris du reste des hommes ? Qu’est-il réellement advenu de lui ? Le style possède un côté désuet pas désagréable, qui ramène bien à la grande époque des récits d’anticipation/SF (le livre dans l’édition que je possède est d’ailleurs publié dans la collection « Le Rayon fantastique », qui a également publié des œuvres de Merritt, Kuttner, Moore, Simak, Heinlein…).
L’aspect vampirique de l’ouvrage met un certain temps à apparaître. En fait, il se révèle au moment ou Slade arpente pour la première fois la file de Naze et découvre que ses habitants sont tous comme autant de drogués, aspirant à se nourrir de son sang. Pour cela, ils prélèvent le précieux liquide avec un seringue, et en remplissent une coupe fabriquée dans un métal spécial, avant de boire. Le liquide semble dès lors provoquer une certaine euphorie, et une addiction s’il est trop souvent consommé. A contrario, ce sont les créatures qui ont abandonné leur immortalité qui se complaisent dans ce vice.
Un roman assez original, qui explore une thématique science-fictionnelle que j’avais peu vu abordée jusque-là (les univers parallèles). Si la plume de Van Vogt a un côté quelque peu daté, elle n’en est pas moins savoureuse, et n’empêche aucunement le lecteur de se faire piéger aux jeux de faux-semblants tissés par l’auteur.