Les éditions Viviane Hamy font la haie d’honneur rue de la République (prendre le métro pour Bellecour) lorsqu’on pénètre dans le hall de la plus grande Fnac lyonnaise, grâce au dernier titre de l’auteur à succès du genre policier français Fred Vargas (traduite dans tout un tas de langues, nous dit le site de l’éditeur). J’avais déjà lu L’Homme à l’envers, de la même, où c’était un mythe plus poilu, le loup-garou, qui fournissait le décor et l’idée. Ce livre qu’on m’a prêté il y a presque un an, je promets de le rendre sous peu… pardon.
Déjà, Vargas s’était attelée à de sérieuses recherches pour nourrir son livre. Un Lieu incertain suivra l’exemple. Mais commençons par le début, où l’on ne trouve pas encore de vampires. Nous retrouvons ces attachants personnages, au portrait si peu réaliste, portes d’entrée en soit dans le monde parallèle d’un certain polar : Adambsberg à la pensée erratique et percutante, désormais coupable d’une paternité (voir précédents, il s’agit d’un de ces livres avec notice en bas de page), Danglard, l’érudit et tous ces personnages, satellites mouvants, eux-mêmes bâtisseurs de la trame, pour beaucoup membres de la brigade d’Adamsberg.
Mettez les personnages principaux dans un train en direction d’un colloque international de la police se déroulant à Londres et Vargas a déjà amorcé son intrigue. Tandis que Danglard est distrait par un coup de foudre, Adambsberg se voit attiré à l’entrée du cimetière de Highgate (nous y voilà !) par un lord loufdingue et y découvre de vieilles chaussures datant de plusieurs décennies… avec les pieds qui vont avec, coupés à hauteur des chevilles !
L’affaire n’échoit bien entendu pas à la police française, mais le retour au bercail n’est pas des plus routiniers, puisque la brigade se retrouve aussitôt sur les lieux d’un meurtre effroyable : du corps il ne reste que bouillie, répartie dans tout le salon.
Ce qui est appréciable pour le lecteur habitué aux histoires de vampires, c’est que Vargas a su creuser assez le folklore de l’Est pour nous le re-servir avec subtilité. Nous ne décelons pas de prime abord les mobiles, les raisons, même si le meurtrier peut se deviner rapidement. En fait, un adepte du mythe vampirique sera certainement encore mieux tenu en haleine que le lecteur naïf dans ce domaine, dans la mesure où, nous autres monomaniaques de la canine, attendons de voir à quel point l’auteur saura se servir jusqu’au bout du mythe avec justesse.
Au roman en général, je ferai ce seul reproche que certaines situations funambulesques où se retrouve l’inspecteur sont démêlées de manière quelque peu capillotractée.
Merci pour ton commentaire sur mon site. Je suis un grand fan de Vargas et un grand ignorant du vampirisme (quoique j’ai étudié comme tout étudiant en biologie qui se manifeste la maladie qui a donné naissance au mythe !). Bravo pour ton blog visuellement attractif et pour cette belle critique d’un lieu incertain.
Reviens quand tu veux sur http://www.loisirsandco.com/blog
Bonjour, merci pour ton commentaire sur mon blog… Je suis fan de Fred Vargas depuis le tout premier. Il faut dire que je connaissais avant ses travaux en archéologie – plus exactement en archéozoologie médiévale, quand elle travaillait encore dans le labo de Poplin! Je regrette un peu que les personnages archéologues et scientifiques aient disparu des dernières aventures d’Adamsberg, mais j’aime bien ce Lieu incertain… Repasse quand tu veux, je fais un compte rendu de lecture plus ou moins par semaine… vdujardin.over-blog.com
Merci d’avoir mis un commentaire sur mon blog. J’aime beaucoup Fred Vargas comme tu as pu le lire sur mon blog et je les ai presque tous lus depuis le début.
C’est vrai que l’histoire du sauvetage de Danglard dans le caveau est un peu….. effectivement, tirée par les cheveux…..
Tout à fait d’accord avec la critique du livre de Fred Vargas. Je ne voulais pas trop, dans la mienne, déflorer un sujet particulièrement – capillotracté, ainsi que vous le dites !
Pour moi, une excellent livre sur le même thème est "Le châtau noir" de Gaston leroux, une aventure de Rouletabille en Bulgarie…..
Je suis d’accord, Fred Vargas réussit toujours aussi bien à nous entraîner dans son univers loufoque et fascinant!
Bravo pour ce bel article, fort bien écrit, qui m’a vocabulairement ravie. Je retiens l’expression "capilo-tractée" avec délice. J’ai moi même publié un avis sur ce rom’pol à l’adresse de la communauté des "Fans de polars et thrillers".
Un lieu incertain marque ma première rencontre avec Fred Vargas et son indécrottable commissaire Adamsberg. Si le style n’est pas des plus novateurs, c’est sur le terrain des personnages, et des liens tissés entre réalité et fiction, que j’ai trouvé cet ouvrage des plus séduisant.
Fred Vargas a en effet le chic de mettre en scène des personnages travaillés, avec chacun leurs petites spécificités, dont les relations participent pour beaucoup à la mise en place et au dénouement de l’intrigue. Adamsberg, Danglard, Estalère, Retancours, Weil, Lucio, une véritable galerie de portraits qui vont, chacun à leur niveau, participer aux différents rebondissements.
Vargas se débrouille également bien pour disséminer peu à peu ses indices et à rassembler peu à peu les pistes jusqu’à l’aboutissement de l’enquête. Celle-ci ne manque certes pas de passages un peu tarabiscotés (le deux ex-machina de Kisilova notamment), mais l’ensemble procure un agréable moment de lecture, et se joue bien de l’Histoire et des histoires.
Le point fort du texte est en effet de relier certaines légendes phares du mythe du vampire (l’affaire Highgate, les cas de Peter Plogojovitz et Arnold Paole) à une enquête policière, distillant une atmosphère mystérieuse assez pénétrante, sans pour autant jouer le jeu absolu de l’hésitation entre réalisme et surnaturel si cher à Todorov. On est donc ici face à trois affaires ayant marqué l’histoire de vampirisme. D’un côté, deux histoires à la base des épidémies vampiriques est-européennes du 17e siècle, fortement ancrées dans le folklore local, de l’autre la plus récente affaire ésotérico-policière liée au thème du vampire.
Si certains éléments déforment sans nul doute la réalité, force est de constater que l’auteur, en archéologue minutieuse, a approfondi ses recherches et rendu crédible son enquête pour les connaisseurs. Connaisseurs qui sauront sans doute en mesure de comprendre plus rapidement que les néophytes les références qui parsèment le livre, et fondent les obsessions criminelles au coeur de l’intrigue. Ce qui n’en gâche absolument pas le plaisir de lecture.
Le thème du vampire m’aura permis ces dernières années autant de me pencher sur la bitlit, de découvrir des romans isolés aux qualités non négligeables, mais aussi d’aborder par ce biais des séries qui n’y sont que sporadiquement reliées, au détour d’un roman. Un lieu incertain est de ceux-ci, une entrée en matière plus que réussie qui me donne envie de me plonger de manière plus approfondie dans l’oeuvre de Vargas. Son commissaire Adamsberg le vaut largement.