Ressuscité dans l’Illinois en tant que vampire, Al Capone revient à Chicago, bien décidé à reprendre en main le crime organisé dont il fut l’une des figures de proue. Progressivement, il élimine la concurrence, réduisant en cendres les clans qui se partagent le contrôle du crime. Le malfrat n’hésite pas à user du pieu, car les différentes factions locales sont déjà sous influence vampirique. Ce que ne sait pas encore Capone, c’est que ses ambitions font l’affaire d’une autre vampire. Laquelle n’est pas ignorante du retour du célèbre bandit sous la forme de vampire. L’opposition humaine n’est pas en reste, les chasseurs de vampire auxquels il a fait face dans l’Illinois étant sur ses traces.
Al Capone Vampire est en réalité la suite directe de Vampire PA, une série datée de 2007 et imaginée par J.C Vaughn. Ce dernier est un scénariste de comics surtout connu pour avoir officié sur les licences Stargate, Battlestar Galactica et 24 Heures Chrono. Il est par ailleurs le créateur de Zombie-Proof, une minisérie également sortie en 2007 chez Moonstone avant d’être poursuivie par American Mythology Productions (qui édite aussi Al Capone Vampire). Interrogé en interview sur ce qui est au cœur de sa série Vampire, PA, le scénariste détaille la place centrale du chasseur de vampire. Ce dernier ne croit pas initialement aux vampires, mais après avoir survécu à une confrontation, il décide de prendre durablement les armes. Vaughn souligne enfin que ses vampires ne brillent pas, allusion à peine voilée à ce que Twilight proposait un an auparavant (2006).
Avec Al Capone Vampire, il retourne à son univers en se focalisant transfuge de Vampire, Pa : Al Capone, ressuscité dans l’Illinois, et qui, fuyant les chasseurs de vampire, aspire à reprendre le flambeau de la pègre de Chicago. L’auteur joue avec l’histoire réelle du bandit : on verra ainsi nous être narrée la prise de contrôle progressive de celui-ci dans les années 1920, le jugement qui lui vaut de la prison, jusqu’à sa mort (et les causes de celles-ci). J’étais un peu déçu que l’essentiel de l’intrigue ne se déroule pas directement dans les grandes années de la Prohibition. Reste que l’histoire propose des idées intéressantes, met en présence différents antagonistes et exploite la figure du vampire et ses codes.
Graphiquement, c’est surtout les couvertures que je retiens de ce Al Capone Vampire. Les dessins intérieurs sont plus quelconques, et manquent parfois d’homogénéité. Mais ça reste proprement fait. Les couvertures sont en tout cas nettement plus accrocheuses, mais vu les illustrateurs, rien d’étonnant à cela : Howard Chaykin (# 1 et #2) et Mark Wheatley (# 3) sont notamment parmi les dessinateurs ayant signés les premières pages.
On comprend au fil du récit que Capone est bien mort à la fin des années 1940. Atteint de plusieurs pathologies, dont la syphilis, il a néanmoins été mordu par un vampire sur ses derniers jours. Reste qu’un mystère demeure : il aura fallu plusieurs décennies avant qu’il ne ressuscite en buveur de sang (alors que la procédure prend normalement quelques heures, comme le dit un autre vampire). On verra certains des vampires se transformer en chauve-souris ou en loup. Et l’une des caractéristiques majeures du mythe est dans le même temps un gros point de tournant du scénario : l’idée que le vampire qui en crée un autre a un pouvoir d’influence sur celui-ci.
Sans être révolutionnaire, ce Al Capone Vampire est une série efficace, qui mélange fantastique et crime organisé. J’attends de découvrir Vampire, PA, certains éléments manquant à ma compréhension de l’univers, pour peut-être relever mon avis, mais j’ai trouvé la lecture agréable. À noter que l’éditeur est également derrière Dracula, After Man et Fright Night (adapté des films de Tom Holland).