Reginald Clarke, écrivain célèbre, esthète, mécène et homme du monde, aime à s’entourer de jeunes artistes talentueux qu’il dit vouloir aider. Mais que penser de tous ceux qui ont déjà croisé sa route et qui ont tout perdu : inspiration, talent, jusqu’au goût de vivre? Le jeune Ernest Fielding, qui ambitionne de devenir romancier, voue tout d’abord une admiration sans bornes à son mentor. Mais, peu à peu, le doute s’insinue en lui. Reginald Clarke ne volerait-il pas tout simplement l’âme des artistes qu’il héberge? Car comment expliquer autrement que le nouveau roman que Clarke vient de lire devant le petit comité de ses admirateurs correspond, jusque dans ses moindres détails, à l’oeuvre dont Ernest vient tout juste de terminer l’ébauche dans son esprit?
Ethel Brandenbourg, l’ancienne maîtresse de Reginald Clarke, est sans doute la seule personne au monde qui connaisse la vérité. Émue par ce jeune garçon dont elle sent qu’il s’est épris d’elle, elle tentera de le soustraire à l’influence de Clarke, et tous deux connaîtront la véritable nature de celui qui habite… la Maison du Vampire. La Maison du Vampire de G.S. Viereck, roman écrit en 1907, est un classique méconnu de la littérature fantastique américaine. C’est pourtant l’un des premiers romans du XX. siècle à aborder le thème passionnant du vampire psychique. Il est traduit et présenté pour nous par Jean Marigny, spécialiste du thème du vampire en littérature.
Sorti quelques années après le Dracula de Bram Stoker, ce livre en est quelques sorte le pendant psychique. De ce fait, ce livre peut être considéré comme une sorte de classique méconnu de la littérature fantastique. Le style employé à certes aujourd’hui un léger côté daté, voire kitsch, met cela ne dessert en rien les qualités intrinsèques à ce roman, cela participe même en quelques sorte au charme qu’il opère sur le lecteur.
Le roman met donc au prise Ernest Fielding, un jeune romancier en devenir, avec Reginald Clarke, célèbre romancier et artiste. Ernest, subjugué par son mentor, va mettre un certain temps à comprendre la teneur réelle du succès de celui-ci. Car Reginald Clarke est un parasite, un dépouilleur de talents, qui s’abreuve de l’inspiration et des idées de ses pairs pour en faire les siens, laissant bien vite ses proies sans aucun talent.
On est donc loin ici du vampire suceur de sang, mais beaucoup plus proche des vampires de Shambleau ou du Horla, qui s’abreuve des pouvoirs psychique, voire de la beauté de leurs victimes. Comme pour la plupart des récits de vampires psychiques, le « vampire » est simplement un personnage humain qui possède certaines facultés extrasensorielles (ici le pouvoir de littéralement « fouiller » l’imaginaire de ses proies).
En bref un roman fort intéressant qui mêle récit vampirique symbolique à une réflexion intéressante sur le pouvoir de l’inspiration.