Vlad Draculea vient de monter sur le trône de Valachie. Il comprend rapidement que ses pouvoirs sont restreints, les boyards ayant la main mise sur les décisions politiques. Pour autant, le jeune homme entend bien remettre de l’ordre dans le royaume, mais les hommes de confiance lui font défaut. Afin de mener à bien ses ambitions, il va rappeler auprès de lui un ancien vassal de son père, pour l’aider dans ses tractations avec les marchands. Ces derniers sont en effet les premiers à se plaindre des nobles qui profitent de leur position.
Pour sa première série, le mangaka Akiyo Ohkubo choisit de s’atteler à une fresque historique d’envergure : l’histoire de Vlad Draculea, figure historique du XVIe siècle roumain. Le personnage n’est pas un inconnu des amateurs de vampire, s’agissant d’une des influence de Bram Stoker pour la genèse de Dracula. On est pour autant très loin d’une variation mêlant histoire et fiction, et il y a ici une volonté manifeste de coller au plus près de la réalité historique. La série débute en même temps que le premier règne de Vlad. Ceux qui disposent déjà d’une connaissance minimale de l’époque ne seront pas perdus, pour les autres l’album distille des éléments qui éclaircissent peu à peu les différents partis en présence.
Ce premier tome a de fait les défauts des fresques historiques soucieuses du respect des événements. La trame met beaucoup de temps à se mettre en place, et l’action n’est que ponctuellement au rendez-vous. L’intérêt porte en effet surtout sur les manigances de cours, et les méthodes qu’utilise Vlad pour reprendre peu à peu les rênes du pays. Ce qui va apporter du dynamisme à l’ensemble, ce sont notamment les flashbacks qui vont mettre en lumière la relation entre Vlad et Stefan, son cousin. L’auteur prend également de la distance avec les pamphlets qui ont longtemps constitué les seuls éléments permettant de témoigner de la vie du personnage. L’anecdote qui veut que Vlad ait immolé les pauvres du pays se voit ainsi explicité sous un nouvel angle.
En ce qui concerne le dessin, c’est un peu le bémol de ce premier tome. Les traits des personnages manquent d’homogénéité, on sent que le dessinateur fait là ses premières armes. Pour autant, il y a un vrai travail sur les cadrages et les costumes, qui permettent de passer outre. On remarquera enfin que Vlad se voit paré d’un visage relativement différent de celui qu’on lui connaît. Un choix qui permet au personnage de mieux coller aux habitudes du lectorat, tout en conférant au protagoniste central des côtés séduisants.
Un premier tome qui ne manque pas d’intérêt, et aborde la vie de Vlad Draculea sous un angle entièrement historique. J’attends la suite pour juger de l’évolution du dessin comme de la narration, mais c’est un parti pris aussi inattendu que prometteur.