La collection Folio bilingue propose des textes en version originale (souvent en anglais), avec la traduction française en regard. Ici nous avons droit à trois textes plus ou moins courts de trois figures incontestées de la littérature de l’imaginaire.
Edith Wharton (1862-1937), a écrit des romans « sociaux », tentant de montrer le poids de la société sur le destin individuel. Dans l’Ensorcelé, elle raconte l’histoire d’un homme marié qui rencontre en secret le spectre de son ancienne petite amie, dans les contrées glaciales du nord des Etats-Unis. Le texte est assez long (près de 40 pages), mené sur un rythme assez lent. Ce sont surtout des discussions, et l’action ne survient qu’à la fin, pour être vite expédiée. La vampire présente un aspect blanc et fantomatique, se déplace pieds nus dans la neige, et aspire la vitalité de l’homme marié. Elle sera tuée par une balle bénite.
Howard Phillips Lovecraft (1890-1937) ne rencontra le succès qu’après sa mort, ses nouvelles et romans où d’étranges entités endormies depuis la nuit des temps causent des ravages sur des hordes d’explorateurs intrépides, mais aussi sur leur cerveau. Dans la Maison hantée (The Shunned House), il nous parle d’une vieille demeure des alentours de Providence (capitale de l’Etat de Rhode Island, région où il passa le plus clair de sa vie), dont tous les occupants ou presque, depuis sa fondation dans les années 1630, ont vu leur santé décliner subitement et rapidement, pour finir invariablement par la mort, sauf s’ils en partent à temps. Le récit est celui d’un enquêteur (un peu indéterminé, comme souvent dans les récits de Lovecraft) qui avec l’aide de son oncle, va découvrir que la demeure a été bâtie sur un ancien cimetière indien, et qu’une chose indescriptible hante, suçant peu à peu l’énergie vitale des résidents. Là encore, il s’agit de vampirisme psychique, et la résolution du problème sera d’ordre chimique, aussi curieux que cela puisse paraître…
Spécialiste des très courtes histoires à chute, Fredric Brown (1906-1972) s’est fait un nom dans la science-fiction sarcastique et décalée. Avec Blood, (du sang), il nous emmène sur les pas de Vron et Dreena, les derniers vampires, qui ont pu s’échapper à bord d’une machine à voyager dans le temps qu’ils ont eux-mêmes conçue, à la recherche d’une époque dans le futur où leur nature ne serait pas reconnue, et afin de repeupler la terre de suceurs de sang. Lorsqu’ils choisissent de s’arrêter dans une période très éloignée, la surprise sera de taille… comme toujours, Brown ne s’embarrasse d’aucune cohérence scientifique dans son récit, se concentrant sur la chute, vraiment excellente. Le récit est très court, deux pages, et les sentiments des vampires ne sont pas vraiment décrits, à part leur faim et leur peur grandissantes.
Ces trois récits ne sont pas parmi les plus inoubliables du genre, Wharton n’étant vraiment pas à l’aise avec le fantastique et Lovecraft y implantant un peu de ses motifs favoris sans grand bonheur. Le récit de Brown, quant à lui, est réellement drôle, sa brièveté empêchant de relever l’intérêt du recueil, bien pâlichon.