Adam est de retour dans la maison où il a passé sa courte enfance. Ni humain, ni vampire, il peine à trouver sa place dans la société. Sa rencontre avec Lou, la fille aux chiens, va lui permettre de découvrir l’amitié. Mais le lien fragile qui les unit sera vite entamé par le départ d’Adam, orchestré par Rodolphe Dubuissert, vampire puissant qui régit la région sous le titre d’Ordonnateur, après le renversement des puissances. Car le monde a basculé. Le pétrole, l’électricité et le progrès n’ont plus cours dans cet Ordre Nouveau que les vampires ont instauré. Les humains ont-ils conscience de la vraie nature des nouveaux envahisseurs ?
Les Insoumis est le premier roman d’Emilie Witwicki-Barbet, et la première sortir des toutes jeunes éditions Val Sombre. Après avoir eu l’occasion de lire de nombreuses fois la prose de l’auteur quand elle se penchait sur des titres vampiriques, à mon tour de proposer une chronique de ce premier roman. Une histoire à la narration fluide, sans réel écueil, qui mélange différents genres sans pour autant que l’assemblage soit trop instable.
Ce premier roman, en mettant en scène une héroïne à la personnalité forte, ne doit pour autant pas être classifié trop rapidement dans le giron Bitlit. L’auteur a en effet choisit de se doter d’un cadre original : la région où elle vit. Loin du tumulte des villes, c’est ainsi la campagne qui entoure le Val Joly (et la région de l’avesnois) qui sert donc de cadre au récit. Second élément fort du récit, qui explique une ambiance très années 50 : une pénurie énergétique sans précédents, qui rend difficile l’utilisation de l’électricité et du pétrole.
L’ensemble prend en fin de compte les attraits d’une fiction qui tient autant d’un Ravage (pour le retour à une société où la technologie ne peut plus que difficilement être utilisée) que d’une Bitlit mettant en scène une héroïne totalement humaine qui n’a d’autres choix que de s’adapter au plus vite à cet univers changeant. Un univers où le fantastique fait rapidement son irruption, révélant à Lou l’existence de créatures dangereuses dont certaines sont avides de pouvoir. Certains vampires, lassés de devoir subsister dans l’ombre, ont en effet décidé de prendre le pouvoir.
S’il peut encore gagner en maturité (quelques effets de ponctuation trop appuyés, comme les exclamations), et si certains passages dégagent une candeur pas toujours crédible, le travail d’écriture est pour autant assez réussi. Les personnages sont attachants et l’aspect régional pas du tout envahissant (voire même rafraichissant), ce qui crédibilise ce choix narratif.
Les vampires tels que présentés par l’auteur sont des créatures qui ont besoin de sang pour survivre. Ils peuvent certes se content de sang d’animaux, mais seul le sang humain, prélevé à la source, leur permet d’utiliser leurs pleins pouvoirs. Ils peuvent se déplacer à la lumière du jour, mais sont affaiblis sous les rayons du soleil. Ils ne peuvent être tué que si on leur enfonce un pieu dans le coeur. Mais c’est seulement après les avoir décapité et avoir brulé leurs restent qu’on peut s’assurer qu’ils ne reviendront pas. L’échange de sang est enfin nécessaire pour transformer quelqu’un en vampire.
Avec ce premier roman, Emilie Witwicki Barbet signe le premier opus de ce qu’on pourrait appeler la country fantasy, une bitlit moderne mais qui prend ses distances avec le tumulte des villes. Le tout sous une plume déjà sympathique, qui devrait gagner en confiance au fil des tomes.
L’atmosphère de fin du monde apporte un cachet tout particulier à ce roman, que l’auteure a choisi de placer dans sa région. Un pari pour l’heure plutôt réussi. A suivre.