Alors que Dracula a trouvé une opportunité pour mettre un terme à la menace représentée par Quincy Harker, il est attiré par le sang d’une femme dans la rue. Laissant Quincy blessé, il se précipite, pensant pouvoir finir sa Némésis plus tard. Mais un enchaînement de situations le voit s’attaquer à un médecin nommé Frost, lequel — devenu vampire — est appelé pour l’accouchement d’une prostituée. Même si elle décède de la morsure du vampire, cette dernière donne naissance à une créature mi-homme mi-vampire : Blade. Dracula n’aura de cesse de vouloir éradiquer ce qu’il considère comme une monstruosité.
Marv Wolfman n’est certes pas le premier scénariste de Tomb of Dracula (il arrive à partir du numéro #7 de la série originale), mais il n’en demeure pas moins celui qui a imprimé le plus durablement sa marque sur la série. Car c’est lui qui tiendra les rênes du titre jusqu’au 70e et dernier numéro, en 1979. Le scénariste est revenu plusieurs fois sur le personnage de Dracula depuis, notamment pour Dark Horse avec la minisérie The Curse of Dracula (La Malédiction de Dracula en VF), sortie en 1998. Avec ce one-shot, il est finalement de retour aux manettes de la série historique, et en propose une excroissance courte, mais efficace. A noter que What if… ? est une série Marvel qui existe depuis 1977 et propose des variations autour de personnages et situations publiés chez l’éditeur. What if… ? Dark est une excroissance de la série qui existe depuis 2023, et se focalise sur des variations plus sombre que celles à quoi avait pu nous habituer Marvel jusque-là. Le récit s’intéresse à l’antagonisme entre Dracula et Blade, et évoque la possibilité que le dhampir soit transformé en vampire par son principal opposant. Sa soif de vengeance et sa haine du comte seront-elles suffisantes pour qu’il puisse en finir avec celui-ci ?
Le dessin n’est pas franchement l’élément le plus réussi de ce mini-récit. Le style de David Cutler manque d’homogénéité et de précision, et aurait peut-être gagné si les planches étaient restées en noir et blanc. La couleur ne réhausse en rien les cases : elle est passe-partout, mais n’a pas grand charme. Tout au plus paraît-elle coller aux codes des personnages, notamment pour les tenues de Dracula et de Blade. Il y a malgré tout quelques illustrations plus accrocheuses, mais l’ensemble peine à convaincre.
Dracula est montré transformé intégralement en chauve-souris, puis redevenant humain. On voit, à travers sa morsure, la contamination que provoque celle-ci. Jusqu’à donner naissance à une créature hybride, quand la mère de Blade est mordue alors qu’elle est en train d’accoucher de ce dernier. On voit le personnage lutter contre sa mutation définitive, même si ses alliés (les personnages sont ceux de la série originale) acceptent de se ranger une ultime fois à ses côtés. De façon amusante, la destruction du château rappelle un des arcs importants de la série mère. Blade insiste enfin sur sa différence avec le vampire : il ne craint pas la lumière du soleil.
Un récit très court et au final mi-figure mi-raison. On apprécie le retour aux manettes de Marv Wolfman, pour une histoire qui imagine Blade devenir vampire. Même si la trame manque de place pour proposer une vraie complexité narrative, les rebondissements sont là, autant que les clins d’œil à la matière originale. Mais le dessin n’est clairement pas à la hauteur.