Frère Aymar de Rougemont a repris le flambeau confié par les aînés de ses ancêtres. Fameux inquisiteur, il a tout le loisir de partir en chasse de Vladimir Kergan, l’ennemi juré de sa famille. Et on l’avertit justement que le démon que ses ancêtres se sont en vain evertués de détruire a été repéré à Venise…
600 ans plus tard, Vincent Rougemont est de plus en plus assailli par ces rèves étranges qui l’entraîne en des époques reculés, dans des lieux qu’il n’a jamais vu. Il choisit donc d’affronter son destin et ouvre le coffret découvert dans le jardin de son grand-père. Il découvre à cette occasion que les mythes ont parfois la vie dure, et que les monstres légendaires ne sont pas que des mythes…
Deuxième tome de la série, La Lettre de l’inquisiteur est donc dans la digne lignée du premier tome, même si la certaines planches pêchent toujours au niveau de la qualité qui n’est pas constante d’un bout à l’autre de l’album. Certaines cases sont vraiment belles, les ombrages très bien maîtrisés et la teneur cinématographique de certains cadrage est indéniable, mais cela n’empêche pas certaines planches d’êtres encore bien hésitantes, voire baclées. La couleur conserve les tons ocrés du premier opus.
Derrière une couverture certes très belle, mais nettement inférieure à celle du tome précédent, le dessinateur-scénariste donne certaines clés au lecteur, notamment le lien entre le passé et le présent de narration, symbolisé par le coffret rouillé découvert par Vincent. Par ailleurs ce second album est également l’occasion pour Swolfs de continuer son évocation des vampires de la littérature du 19e siècle. Le crucifix apparaît, dans la lutte entre Aymar de Rougemont et Kergan, comme un objet puissant contre les vampires, a condition qu’il soit tenu par une personne sûre de ses convictions. C’est d’ailleurs ce qui fait défaut à Aymar de Rougemont, hanté par tous ceux qu’il a éxécuté au nom de la sainte Inquisition. Par ailleurs, la transformation de Rainer en vampire est également l’occasion de suivre une leçon de vampirisme de la bouche même de Kergan. La force du sang permet, explique t’il à Reiner, de corriger les déficiences physiques de l’être humain devenu vampire : myopie et autres faiblesses des sens disparaissent donc chez le vampire. kergan insiste par ailleurs sur le danger que représente le soleil pour les êtres de la nuit. Mais plus intéressants encore sont les conseils de choix de victimes que fait Kergan. Afin de rester insaisissable, il exhorte Rainer à ne choisir que des victimes qui ne seront réclamés par personne, et de toujours s’abreuver en toute discrétion. Car à la différence de nombreuses histoires de vampires, le « baiser » des vampires de Swolfs conduit irrémédiablement sa victime au trépas. Il n’y a pas d’étape de langueur comme chez Stoker.
Comme beaucoup de support, le deuxième tome de la série n’échappe pas aux lois cruelles des suites. Non que ce deuxième album soit un ratage complet, loin de là, car il bénéficie des même qualités que son prédécesseur, mais on est déçu de s’aperçevoir du peu d’évolution entre les deux albums. Il subsiste cependant l’intérêt ressenti à la lecture du premier tome : celui d’une habile mise en scène du vampire « classique », à travers la longue quête d’une famille de « chasseurs ».