Début du mois d’octobre, dans la campagne londonienne. Snuff est le familier de Jack, un des participants du Jeu. S’opposant ou s’alliant aux autres participants, chacun avance ses pions et prépare sa participation au rituel qui doit intervenir à la fin du mois. À l’heure actuelle, difficile de dire qui sont les différents protagonistes, tous ne s’étant pas révélés. Et encore moins de savoir qui est Ouvreur et qui est Fermeur. Snuff suit son maître dans ses préparatifs, tout en surveillant les autres personnages qui s’agitent dans les environs.
À Night in the Lonesome October est un roman mashup qui puise dans le panthéon des grandes figures du fantastique. On y rencontre ainsi Raspoutine, Dracula, Le Loup-Garou, Frankenstein, Sherlock Holmes… tous opposés (ou presque) au sein d’un Jeu apocalyptique placé sous le patronage de la mythologie lovecraftienne. Pour autant, l’auteur choisit de ne pas faire de ces grandes figures les protagonistes centraux de son récit, offrant plutôt la possibilité à leurs familiers, des êtres à poils, à plumes et à écailles, de prendre en main la narration. On suit ainsi Snuff, le chien de Jack, qui aide son maître à préparer le Jour J. Autant en le secondant dans sa collecte d’ingrédients qu’en identifiant le lieu où devrait avoir lieu le rituel, voire en espionnant les autres groupuscules.
Le roman de Zelazny est un vrai plaisir, autant pour l’humour qui s’en détache (par le détournement qu’il propose des poncifs de la littérature lovecraftienne) que par la manière dont la trame de fond ne se dévoile que progressivement. À la manière de Sherlock Holmes (nommé ici : Le Grand Détective), qui se retrouve sur place et va s’évertuer à recoller les morceaux, Snuff et les autres protagonistes nagent en plein mystère : il y va de la réussite de chacun que seul un minimum d’information filtre.
On compte, au sein du jeu, un personnage nommé Le Comte. Secondé d’un familier Chauve-Souris du nom de Needle, il ne se déplace que la nuit venue, et repose en journée dans un cercueil. Il semble que lui enfoncer un pieu en plein coeur soit une des manières les plus efficaces d’en venir à bout, mais mélanger des reliques religieuses avec la terre dont il a besoin pour assurer sa survie l’affaiblit également.
Je connaissais uniquement Le cycle des princes d’Ambre de Zelazny, certes pas vampirique mais néanmoins marquante dans ma vie de lecteur de SFFF. Ce roman, plus court, mais qui brasse une large galerie de personnages et d’ambiance est une vraie réussite, qui ne manque qui plus est pas d’humour. Et sans doute plus homogène que la série précitée, qui avait tendance à s’enliser au fil des tomes.